3 QUESTIONS À... : DECEMBRE 2008







1/ Vous dressez un bilan positif de l'expérimentation Asalée qui associe médecins généralistes et infirmières pour la prise en charge des patients diabétiques de type 2. Qu'en est-il exactement ?

Asalée pour Action de Santé Libérale En Equipe est un modèle d'organisation des soins qui vise principalement à améliorer la qualité des soins en médecine générale, sur la base d'une coopération entre médecins généralistes et infirmières. Elle a été initiée et élaborée en 2004 par un groupe de médecins libéraux du département des Deux-Sèvres avec le soutien de l'URML de la région Poitou-Charentes. Elle est financée par le Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV).

Le dispositif qui devrait s'étendre sur 4 autres régions françaises rassemble 41 médecins généralistes et 8 infirmières, au sein de 18 cabinets. Les infirmières salariées de l'association Asalée ont une formation adaptée. Elles interviennent généralement dans plusieurs cabinets dans certaines situations (diabète, dépistage du cancer du sein et du cancer du colon…) et selon un protocole bien défini. Elles utilisent et mettent à jour les dossiers informatisés des médecins et déploient une activité de prévention et de consultation d'éducation thérapeutique sur proposition du médecin aux patients. L'intérêt de ce dispositif est d'encourager le déploiement d'une approche populationnelle en santé, c'est-à-dire de coordonner l'offre de services pour l'ensemble des patients des médecins généralistes. L'accent est mis sur le continuum de soins, allant de la prévention à la réadaptation plutôt que sur les services diagnostiques et curatifs.

L'Irdes a été sollicité par la HAS pour l'évaluation médico-économique de ce dispositif. Notre étude montre que les patients diabétiques de type 2 suivis dans le dispositif Asalée ont un équilibre glycémique qui s'améliore, un suivi de meilleure qualité au regard des référentiels de bonne pratique et cela à un coût équivalent pour l'Assurance maladie. En conclusion, nous jugeons la coopération généraliste/infirmière pour le suivi des patients diabétiques de type 2 dans le cadre particulier d'Asalée plus efficiente que la pratique standard.

2/ Vous êtes également engagé dans des projets d'évaluation d'autres modes d'organisation des soins de premier recours, les centres de santé et également les maisons de santé pluridisciplinaires qui sont en plein développement. Elles suscitent beaucoup d'espoir. Pourquoi ?

Les maisons de santé, mais également toute autre forme de regroupement des médecins avec les autres professionnels de santé, encore marginales en France, semblent constituer une réelle voie d'avenir. Elles permettent en effet aujourd'hui de répondre à la fois aux souhaits des jeunes professionnels de ne plus travailler seuls tout en maîtrisant leurs horaires et temps de travail et à la nécessité d'adapter les pratiques à l'évolution des besoins de santé (progression des maladies chroniques, vieillissement de la population…). Ces formes d'exercice associant différentes professions de santé offrent un cadre pour le développement de nouvelles pratiques comme l'éducation thérapeutique et les pratiques de prévention en renforçant les capacités de gestion de l'information. Enfin, ces formes regroupées pourraient garantir un ensemble de services variés et de proximité.

3/ Vous êtes responsable de l'équipe émergente Prospere, ce qui représente un cadre de recherche pour les soins primaires inédit en France. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Prospere (Partenariat pluridisciplinaire de Recherche sur l'Organisation des Soins de Premiers Recours) est une équipe émergente de recherche sur les services de santé dont le projet a été sélectionné dans le cadre de l'appel d'offre de l'Iresp 2008 pour développer la recherche sur les services de santé. Prospere a reçu un financement conséquent pour quatre ans. Il rassemble 13 chercheurs de trois équipes différentes le Cermes (équipe Inserm), la Société française de médecine générale (SFMG) et l'Irdes sur le thème général de la performance des organisations de soins de premiers recours. Notre ambition est de contribuer à l'élaboration des outils et des cadres d'analyse permettant de mieux comprendre les conditions d'efficacité et d'efficience des formes d'organisation des soins de premiers recours afin d'éclairer les choix de politiques publiques et de participer au développement des connaissances dans le domaine des soins primaires.

Ce projet est largement développé dans le programme de recherche 2009-2011
Consulter la fiche projet du partenariat Prospere

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