3 QUESTIONS À... : JANVIER 2008







3 questions à... Magali Coldefy (chargée de recherche, Irdes) à propos de la sortie en décembre de l'ouvrage « Prise en charge de la santé mentale » publié par la Drees.

1/ Vous avez coordonné l'ouvrage « Prise en charge de la santé mentale » publié par la Drees, pouvez-vous nous en faire une rapide présentation ?

Cet ouvrage collectif est né de la volonté de mettre à disposition des études issues de différentes sources de données recueillies par la Drees permettant d'approcher plusieurs aspects de la prise en charge de la santé mentale en France. Les données et études sur le sujet existent mais sont souvent dispersées. Cet ouvrage rassemble donc diverses études statistiques exploitant les données recueillies au sein des établissements de santé (Statistique Annuelle des Etablissements, Rapports d'activité des secteurs de psychiatrie, Enquête Nationale sur les populations suivies dans les établissements ayant une activité de psychiatrie, recueil d'information médicalisé en psychiatrie), des DDASS (répertoire des professionnels ADELI), de la Cnam (SNIRAM), des commissions départementales d'hospitalisation psychiatrique. Valorisant ainsi la richesse de l'information recueillie, cet ouvrage contribue à améliorer la connaissance de l'offre de soins, des professionnels, des patients pris en charge en psychiatrie.

2/ Beaucoup d'aspects sont présentés, si vous aviez deux résultats forts à retenir, quels seraient-ils ?

Question difficile... En effet, l'ouvrage aborde dans un premier temps les aspects relatifs à l'offre de soins, publique et privée (quantité, disparités, organisation), les professionnels médicaux (perspectives démographiques, disparités, revenus..) et équipes de secteur. Ces différentes études s'attachent à montrer l'évolution de cette offre, son adaptation à l'évolution de la demande et des connaissances médicales. Les représentations de la maladie mentale ont changé dans la population et ont modifié la demande de soins. Les espaces de soins, l'organisation de la prise en charge, la qualité des personnels ont cherché à s'adapter à cette nouvelle demande. Développement de la psychiatrie de liaison, de l'intersectorialité, transformation de la structure professionnelle des équipes de secteurs, participation des usagers et des élus à l'organisation des soins... Le deuxième grand thème abordé dans l'ouvrage concerne les patients pris en charge par les établissements de santé, à travers différentes problématiques : l'évolution de la patientèle (depuis le début du XXème siècle), la question des patients hospitalisés au long cours, celle des détenus et personnes hospitalisées sans leur consentement. Ces études montrent sur longue période, que les champs sanitaires et sociaux sont indissociables dans le domaine de la santé mentale, les patients traversent constamment la frontière de ces deux champs et les différents professionnels ont à jongler entre les différents dispositifs, leurs cloisonnements administratifs, budgétaires et culturels rendant difficile une prise en charge globale du patient.

3/ S'il est indéniable que la prise en charge de la santé mentale s'est améliorée, des difficultés subsistent, quelles sont-elles ?

En effet, malgré une transformation importante des pratiques avec le développement des prises en charge ambulatoires et à temps partiel, la psychiatrie française connaît aujourd'hui d'importantes difficultés. L'augmentation de la demande (à la fois vers le secteur hospitalier et la psychiatrie sectorisée, et vers la médecine de ville) n'a pas toujours et partout été suivie d'une augmentation similaire des moyens appropriés, conduisant aujourd'hui à une saturation des dispositifs depuis les urgences, les listes d'attente pour une première consultation, les difficultés d'hospitalisation des patients faute de lits disponibles, jusqu'au secteur médico-social dont le manque de places pour accueillir des personnes dont le prise en charge sanitaire en hospitalisation n'est plus adéquate. L'autre difficulté que connaît la psychiatrie est l'importance des disparités géographiques de son offre, certaines zones peu attractives pour les professionnels de la santé mentale rencontrent des difficultés importantes de fonctionnement, obligeant les équipes à se concentrer sur certaines activités aux dépens des autres, difficultés accrues dans un contexte démographique médical en diminution.

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