3 QUESTIONS À... JANVIER 2016







1/ Quelles sont les caractéristiques des personnes enquêtées ? Et les particularités de l'enquête Tétrafigap ?

Les accidents qui provoquent une tétraplégie ont des origines spécifiques. Il s'agit essentiellement d'accidents de la route ou de sport. Les personnes impliquées dans ces accidents ont donc un profil particulier : ce sont le plus souvent des hommes jeunes et célibataires.

Sans l'accident, ces personnes n'avaient pas de raison d'être célibataires toute leur vie. La spécificité des personnes qui ont cette blessure permet de comprendre ce qui limite les victimes d'un accident qui provoque des séquelles lourdes et irréversibles dans leur insertion sociale et affective. En effet, l'enquête Tétrafigap a interrogé à une décennie d'intervalle les personnes ayant eu ce type de traumatisme pour connaître leurs parcours, personnel et médical, et surtout comment leur situation a évolué à long terme.

2/ Leur situation matrimoniale a-t-elle évolué entre leur accident et 2006 ?

Comme les personnes victimes de ces accidents sont souvent jeunes, la majorité des enquêtés était célibataire au moment de l‘accident. Ensuite, selon ce que l'on choisit de voir, le verre est à moitié plein ou vide, puisque la moitié des personnes est en couple par la suite. Comparativement aux personnes qui ne sont pas atteintes de tétraplégie, les blessés tétraplégiques mettent près de dix ans de plus pour rencontrer quelqu'un. En revanche, leur union semble plus stable. Mais l'autre moitié d'entre eux reste seule, soit une proportion sept fois plus importante que dans le reste de la population.

3/ Quels sont les éléments qui influencent le plus la possibilité d'union des personnes atteintes d'une tétraplégie traumatique ?

Le handicap et les problèmes de santé qui résultent de cette blessure ont bien sûr une influence sur les possibilités d'union puisque la moitié des personnes reste célibataire après l'accident. Mais si on regarde pourquoi certaines connaissent une union et d'autres pas, on se rend compte que ce sont des éléments extérieurs à la blessure qui expliquent le plus la mise en couple. La présence importante de la famille n'aide pas à trouver un partenaire alors que le réseau social oui. Ce résultat a amené à creuser cette piste et à nous intéresser aux personnes qui vivent chez leurs parents. Pour elles, il semblerait que la blessure freine le processus d'autonomisation du jeune adulte. Ainsi, elles auraient une insertion sociale moins forte, tant professionnelle qu'affective.


Propos recueillis par Anne Evans

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