3 QUESTIONS À...


1/ En quoi cette édition de l'enquête ESPS se distingue-t-elle des précédentes ?

Pour cette édition 2014, l'Enquête santé et protection sociale a été le support de l'Enquête santé européenne (European Health Interview Survey-EHIS). A ce titre, elle a été réalisée en collaboration avec la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère chargé de la santé. EHIS devient, pour la France, la seule enquête généraliste sur la santé représentative en population générale hors institutions. L'année 2014 constitue ainsi la dernière vague de l'enquête ESPS qui sera appariée avec les données de consommation de soins de l'Assurance maladie jusqu'en 2016. Pour la vague 2019 et les suivantes, prévues tous les six ans, la version française d'EHIS intègrera, en plus des questions européennes inscrites dans un règlement Eurostat, des questions spécifiques à la France, dont un module sur la couverture complémentaire santé. L'enquête SILC-SRCV (Statistics on Income and Living Conditions-Statistiques sur les ressources et conditions de vie), réalisée en France par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), complète le système d'observation de la santé en administrant le mini-module européen chaque année et, tous les trois ans, un module sur la santé composé d'une partie des questions de l'enquête EHIS.

2/ Quels sont les principaux résultats de l'enquête EHIS-ESPS ?

L'Enquête santé européenne (EHIS-ESPS) a interrogé, en 2014, près de 10 000 ménages vivant hors institutions et plus de 26 500 individus en France métropolitaine sur leur état de santé, leur accès aux soins et à la complémentaire santé, et leurs habitudes de vie. Près d'un tiers des personnes ne se déclare pas en « bon » ou « très bon » état de santé. Environ 40 % évoquent un problème de santé chronique et un quart une limitation dans les activités du quotidien. Les populations les plus défavorisées déclarent un moins bon état de santé que les autres.

En France métropolitaine, 46 % de la population est en surcharge pondérale contre 50 % en moyenne en Europe. Environ 31 % de la population française est en surpoids et 15 % est obèse. En outre, 28 % des personnes fument, dont 22 % quotidiennement, soit un taux de fumeurs supérieur à la moyenne des pays européens. Ces deux facteurs de risque varient fortement selon les catégories socio-professionnelles, au détriment, notamment, des ménages d'ouvriers.

Près de 5 % des personnes déclarent par ailleurs ne pas être couvertes par une complémentaire santé. Elles sont plus nombreuses parmi les personnes au chômage ou celles disposant de faibles revenus.

3/ Comment se situe la France en termes de santé mentale et par rapport aux autres pays européens ?

En 2014, EHIS-ESPS a introduit un module spécifique sur la santé mentale qui mesure la présence et l'intensité de symptômes dépressifs. Ainsi, environ 9 % des femmes et 5 % des hommes résidant à domicile présentent des symptômes dépressifs, soit 7 % de personnes concernées. Ces résultats situent la France dans la moyenne européenne.

La fréquence de ces symptômes varie avec l'âge. Elle s'accentue à partir de 75 ans, et touche en particulier les ménages d'ouvriers. Pour les femmes, un premier palier est observé autour de 45 ans, puis un second aux âges les plus avancés, à partir de 75 ans. Pour les hommes, cette dernière dégradation est particulièrement marquée. Ainsi, quand 5 % des femmes et 3 % des hommes de 15 à 24 ans présentent des symptômes dépressifs, c'est le cas de 10 % des femmes et de 4 % des hommes de 65 à 74 ans, ainsi que de 22 % des femmes et de 13 % des hommes de 75 ans ou plus.

Propos recueillis par Anne Evans