3 QUESTIONS À...


1/ Quelles sont les caractéristiques principales des personnes qui recourent à l'aide humaine ?

La population recourant à l'aide humaine est plus souvent composée de femmes, vivant seules et percevant des revenus plus modestes que le reste de la population. Elle se déclare aussi en plus mauvais état de santé et est plus fréquemment admise en Affection de longue durée (ALD). Cependant les caractéristiques de cette population diffèrent selon l'âge. La surreprésentation des femmes est plus importante chez les plus de 60 ans.
Les personnes de plus de 60 ans recourant à l'aide humaine sont relativement âgées, en moyenne 78 ans. Pour les plus jeunes, la population concernée n'est pas majoritairement constituée de personnes subissant un vieillissement précoce, puisque l'âge moyen est de 44 ans. L'isolement ainsi que l'accompagnement par des professionnels de santé sont plus importants parmi les personnes les plus âgées. Par ailleurs, l'état de santé déclaré est encore plus dégradé pour les personnes âgées de plus de 60 ans. Dans cette étude, nous distinguons quatre catégories de recours à l'aide humaine, d'un recours à l'aide très ciblé sur une seule activité instrumentale de la vie quotidienne (par exemple, « faire ses courses ») à une gamme très étendue de recours à l'aide couvrant l'ensemble des Activités de la vie quotidienne (AVQ) et des Activités instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ) et étudions dépenses et restes à charge en fonction de cette classification.

2/ Quel est le niveau de leur reste à charge lié à leur recours aux soins ?

Le reste à charge est mesuré dans notre étude avant les remboursements des assurances complémentaires privées, pour lesquels les données ne sont pas disponibles. 10 % des personnes déclarant recourir à l'aide humaine ne sont pas couverts par une assurance complémentaire et devront faire face à l'intégralité de ce reste à charge.
Les personnes qui recourent à l'aide humaine endossent des restes à charge liés à leurs recours aux soins qui s'élèvent en moyenne à 800 euros annuels, soit environ deux fois plus que le reste de la population. En contrepartie, on n'observe pas d'augmentation du reste à charge moyen en fonction du degré de recours à l'aide humaine, alors que les dépenses de santé croissent très fortement avec ce recours. Ce lissage des restes à charge est obtenu par les différents motifs d'exonération du ticket modérateur qui concernent une fraction d'assurés croissante avec le degré de recours à l'aide humaine. Si les moins de 60 ans sont aussi souvent concernés par l'exonération du ticket modérateur que les plus de 60 ans, les plus âgés sont plus généralement couverts par l'ALD seule, au contraire des plus jeunes qui bénéficient d'exonérations couvrant un périmètre plus large que celui de l'ALD : pension d'invalidité, rente d'incapacité, Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), des dispositifs qui prennent en charge l'intégralité de la dépense remboursable.
Le système de protection sociale permet donc, en moyenne, de limiter les restes à charge liés aux soins des personnes qui ont un recours important à l'aide humaine. Ce recours à l'aide humaine génère quant à lui des dépenses et des restes à charge potentiellement importants, qui seront étudiés dans des travaux de recherche futurs de l'Irdes.

3/  Certains profils de consommation de soins sont-ils plus souvent exposés à de forts restes à charge ?

Malgré une protection en moyenne efficace, le système de protection sociale laisse persister des situations de restes à charge élevés. En concentrant l'analyse sur les personnes recourant à l'aide humaine confrontées à un reste à charge supérieur à 1 200 euros, les profils liés aux hospitalisations en Médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) pèsent pour une part croissante avec le degré de recours à l'aide humaine, de 34 % dans la première classe de recours à 62 % dans la classe la plus élevée. Certains profils de consommation associés à de forts restes à charge sont plus fréquents avant 60 ans (Orthèses et prothèses ainsi que les Hospitalisations psychiatriques) tandis que d'autres sont plus prévalents après 60 ans (Kinésithérapie et Soins infirmiers). Les profils de consommation d'Orthèses et prothèses ainsi que les profils de consommation d'Hospitalisations en psychiatrie sont plus susceptibles de laisser de forts restes à charge finaux aux personnes concernées car ces postes peuvent donner lieu à des dépassements de tarifs qui ne sont pas forcément pris en charge par les contrats de couverture complémentaire.

Propos recueillis par Anne Evans