Prescriptions potentiellement inappropriées de benzodiazépines : quel est l'impact de l'entrée en Ehpad ?

Penneau A., Perronnin M., Pichetti S., Juillard-Condat B. (Irdes) avec la collaboration de Vincent R. (Irdes)

Questions d'économie de la santé n° 300 - Mai 2025



QES n° 300
2025/05







RÉSUMÉ
Les benzodiazépines sont les médicaments anxiolytiques et hypnotiques les plus consommés en France. Leur utilisation prolongée est associée à une diminution de leurs effets, à un risque de dépendance et à une augmentation des effets indésirables, tels que les troubles de la mémoire et les chutes. Les prescriptions potentiellement inappropriées de benzodiazépines sont très fréquentes chez les personnes âgées de plus de 65 ans, notamment parmi les résidents d'Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Si ce phénomène peut s'expliquer par de nombreux facteurs indépendants de l'établissement, cette étude propose d'analyser le rôle propre de l'entrée en Ehpad sur ces prescriptions inappropriées.
Les résultats montrent une augmentation de 10 points des prescriptions potentiellement inappropriées de benzodiazépines après l'entrée en Ehpad. Ces prescriptions sont souvent initiées durant les deux premiers trimestres suivant l'entrée en Ehpad pour les résidents n'ayant jamais consommé de benzodiazépines auparavant, et sont rarement interrompues par la suite. De même, il y a peu de déprescription pour les personnes qui sont entrées en établissement avec une prescription potentiellement inappropriée de benzodiazépines. Par ailleurs, les établissements qui disposent d'une proportion plus élevée d'infirmiers ou qui sont rattachés à un hôpital public présentent une hausse des prescriptions moins importante au moment de l'entrée en Ehpad. Ces résultats suggèrent qu'une réévaluation des traitements médicamenteux dans les deux trimestres après l'admission, un renforcement de l'expertise médicale dans les Ehpad, et un investissement dans le développement d'alternatives non médicamenteuses pour traiter l'anxiété et l'insomnie pourraient améliorer la qualité des prescriptions pour les résidents.

Voir aussi Questions d'économie de la santé n° 295 « Les Ehpad les plus chers ne sont pas les meilleurs »

Voir aussi le Document de travail n° 92 : « Mesurer la qualité des Établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) : exemple de quatre indices de qualité »