Un événement indésirable est défini comme un événement défavorable pour le patient, consécutif aux stratégies et actes de diagnostics et de traitements, et qui ne relève pas d'une évolution naturelle de la maladie.
Dans notre étude nous avons utilisé neuf indicateurs (PSI) pour identifier les événements indésirables à l'hôpital comme les escarres et infections liées aux soins médicaux, etc. (cf. QES n° 171, encadré Méthode p. 4). Ces indicateurs, initialement élaborés aux Etats-Unis, puis développés par l'OCDE et adaptés aux données françaises dans le cadre du projet Clarté (cf. QES n° 171, encadré Méthode p. 4), permettent d'identifier et de dénombrer les événements potentiellement évitables.
Pour calculer le coût des événements indésirables associés aux soins, deux sources de données sont mobilisées : l'Etude nationale de coûts à méthodologie commune (ENCC) et le Programme de médicalisation des systèmes d'information en médecine, chirurgie, obstétrique (PMSI-MCO) de l'année 2007.
L'ENCC fournit les coûts complets des séjours tels qu'ils ont été comptabilisés dans un échantillon d'établissements hospitaliers publics et privés. Ces données appariées aux informations médicales des séjours permettent de déterminer le coût d'un événement indésirable en différenciant le coût des séjours comportant un événement indésirable de celui des séjours sans événement indésirable, en fonction de strates décrivant les caractéristiques du patient (âge, sexe, GHM) et le type d'établissement (public, privé, PSPH). Une fois ces coûts calculés pour chacun des événements indésirables, le PMSI MCO, base de données exhaustive de l'activité hospitalière, permet d'extrapoler les coûts pour les séjours avec événement indésirable au niveau de chacune des strates, de manière à fournir l'estimation nationale du coût de prise en charge des événements indésirables associés aux soins en 2007.
Le surcoût des événements indésirables est fortement hétérogène. Il dépend de l'allongement de la durée de séjour et de l'intensité des soins engendrés par cet événement. Ainsi, le surcoût moyen varie de 525 € pour un traumatisme obstétrical à plus de 18 000 € pour une septicémie postopératoire, en passant par plus de 9 000 € pour les désordres physiologiques et métaboliques postopératoires (complications dues à l'hyperglycémie ou à l'insuffisance rénale aiguë). Au niveau national, le surcoût de neuf événements indésirables pris en compte dans notre étude est de plus de 680 millions d'euros. Notons que l'essentiel de ce coût (90 %) est dû à quatre d'entre eux : les escarres, les désordres physiologiques, les septicémies et les embolies pulmonaires.
Plusieurs développements peuvent être envisagés. En premier lieu, il serait intéressant de mesurer les coûts extrahospitaliers engendrés par la survenue d'un événement indésirable. En effet, la prise en compte des dépenses de soins ambulatoires, du coût de la perte de productivité et du nombre de jours non travaillés, mais aussi les conséquences économiques d'une dégradation de la qualité de vie, permettraient de compléter l'estimation économique.
En second lieu, il serait intéressant d'un point de vue médico-économique de mesurer le coût des différentes stratégies permettant d'améliorer la sécurité des patients et de les confronter à nos résultats afin d'évaluer leur efficience respective et mettre ainsi en place des actions ciblées portant sur l'amélioration de la qualité des soins hospitaliers.
Propos recueillis par Anne Evans