3 QUESTIONS À... : JANVIER 2013







1/ Quels principaux points de comparaison avez-vous pu identifier entre les dispositifs de soins en santé mentale de ces quatre pays ?

Les quatre pays étudiés ici ont tous entrepris un processus de désinstitutionnalisation des soins psychiatriques depuis la seconde moitié du XXe siècle. L'Italie et l'Angleterre sont allés plus loin dans la fermeture des hôpitaux psychiatriques, alors qu'en France comme en Allemagne, un nombre important de lits est encore implanté dans ces institutions spécialisées. Chacun des pays a par ailleurs développé un certain nombre de structures de prise en charge ambulatoire visant à éviter l'hospitalisation et à permettre au patient de vivre dans son environnement social. Ce mouvement est particulièrement développé en Angleterre, avec des équipes assurant un suivi intensif au domicile des patients.

2/ Quels enseignements en tirer pour la France ?

La France se démarque par la faiblesse des structures d'hébergement et services d'accompagnement pour les personnes souffrant de troubles psychiques, comparativement aux autres pays. Ce retard français s'explique en partie par le financement différencié des secteurs sanitaires et médico-sociaux et par le cloisonnement fort existant encore entre ces deux segments. La prise en charge de la santé mentale en France est fortement marquée par une approche très médicale, très institutionnelle. Le secteur psychiatrique est souvent resté trop fermé sur lui-même cherchant à prendre totalement en charge la personne malade plutôt que d'avoir une approche globale de sa prise en charge avec les autres acteurs intervenant dans le champ (professionnels libéraux, établissements privés, professionnels et services sociaux et médico-sociaux). En cherchant à protéger et à compenser les difficultés des personnes, le système de santé français a, en partie, sous-évalué l'importance des différentes dimensions de la vie quotidienne (habitat, accès à l'emploi) qui participent fortement à la qualité de vie et à l'intégration sociale des personnes souffrant d'un trouble psychique.

3/ Comment souhaiteriez-vous approfondir ces premiers éléments de comparaison ?

Lors de cette étude comparative, nous nous sommes assez vite heurtés au problème de la qualité inégale des données disponibles dans les différents pays. A cet égard, le système d'information français se démarque fortement des autres par sa qualité et son exhaustivité nationale. Si l'obtention de données comparables a déjà constitué un défi, il est important d'aller plus loin dans l'analyse, de pouvoir mieux qualifier et comparer l'offre proposée par les différents structures et services, que ce soit les diverses structures résidentielles proposées dans ces pays, mais aussi le rôle du secteur privé important en Angleterre et en Italie, notamment. Enfin, il faudrait à terme pouvoir mesurer et comparer la qualité de vie des personnes souffrant de troubles psychiques dans ces quatre pays qui ont choisi des modèles un peu différents de désinstitutionnalisation des soins psychiatriques.

Propos recueillis par Anne Evans

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