3 QUESTIONS À... : JUILLET 2007







3 questions à... Catherine Sermet , directrice de recherche et co-auteur d'un article intitulé « Evaluation du coût associé à l'obésité en France » paru dans la revue « La presse médicale », 2007/06, tome 36, n° 6, cahier 1, pp. 832-840.

En France, comme dans la plupart des pays développés, les conséquences médicales et économiques de l'obésité sont préoccupantes. Vous proposez une évaluation du coût de l'obésité pour 2002, quels résultats retenir ?

La consommation moyenne de soins et de bien médicaux d'un individu obèse s'élève d'après nos estimations à environ 2 500 € pour l'année 2002, soit deux fois plus que celle d'un individu de poids normal (1 263 €). En considérant différents facteurs tels que le sexe, l'âge et le niveau d'études, le surcoût attribuable à l'obésité, en comparaison à un individu de poids normal est estimé à 506 € pour un individu obèse dont l'Indice de Masse Corporelle (IMC) est supérieur ou égal à 30 et à 648 € pour un individu dont l'IMC est supérieur ou égal à 27 et qui présente de surcroît des facteurs de risque cardiovasculaire tels qu'une hypertension, un diabète, ou une hyperlipidémie. D'un point de vue de l'Assurance maladie, c'est-à-dire en tenant compte des montants remboursés, le surcoût d'un individu obèse, par rapport à un individu de poids normal, toutes choses égales par ailleurs, est estimé à 407 € en moyenne. En considérant en plus le montant des indemnités journalières, ce surcoût atteint 631 € en moyenne. Sur la base de ces résultats, nous avons effectué une extrapolation nationale du coût de l'obésité : nous estimons ainsi que les dépenses de santé liées à l'obésité atteignent 2,6 milliards d'euros et que du point de vue de l'Assurance maladie, les montants remboursés liés à l'obésité sont de 2,1 milliards d'euros et atteignent 3,3 milliards d'€ en 2002, si l'on intègre les indemnités journalières dans ces calculs.

Ces résultats sont-ils alarmants ? Les dernières évaluations du coût de l'obésité en France dataient de 1992, quelle évolution constate-t-on ?

En effet, deux études sur des données de l'année 1992 estimaient le coût médical direct total à 1,81 milliard d'€ (Levy et al., 1995) et 1,33 milliard d'€ (Detournay et al., 1992) soit entre 0,7 et 2 % des dépenses de santé. Notre évaluation sur l'année 2002 les situe entre 1,5 et 4,6 % des dépenses de santé. Nous constatons donc une progression. Cette progression n'est pas étonnante si l'on considère l'évolution de la prévalence de l'obésité et du surpoids en France ces dernières années. En effet, selon l'enquête épidémiologique nationale ObEpi, celle-ci est passée de 8,2 % en 1997 à 9,6 % en 2000 et à 11,3 % en 2003, soit une augmentation de 5 % par an. La dernière loi relative à la politique de santé publique a d'ailleurs retenu l'obésité parmi les 100 objectifs prioritaires de santé. Ce problème de santé publique qualifié d'épidémie par l'Inserm n'est évidemment pas sans conséquences sur les coûts.

Les études médico-économiques de ce type sont assez rares en France. Pourquoi ?

Il est effectivement difficile de disposer des données nécessaires. Pour réaliser ce type d'études il faut pouvoir associer des données informant sur l'état de santé des individus, ici par exemple l'obésité et l'existence de facteurs de risque cardiovasculaire, et des données chiffrées sur les dépenses de santé et les remboursements de l'Assurance maladie. L'enquête ESPS de l'Irdes, dont l'échantillon est tiré dans un échantillon permanent d'assurés sociaux (Epas) des trois grandes caisses d'Assurance maladie, est appariée aux données de prestations de l'Assurance maladie et permet donc de réaliser ce type d'analyse. Elle est jusqu'à présent l'unique enquête française, représentative au niveau national et répétée tous les deux ans, qui réalise un appariement systématique avec les données de l'Assurance maladie.

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