3 QUESTIONS À... : JUIN 2011







1/ Vous avez réalisé une étude nationale sur les temps d'accès aux soins de ville et à l'hôpital en France au 1er janvier 2007. Que représente ce point de repère ?

Dans le contexte de restructuration actuelle de l'offre hospitalière et de diminution à venir des effectifs de médecins en France, l'accessibilité géographique aux soins est devenue une question centrale. D'où l'intérêt de procéder à un état des lieux de l'accessibilité spatiale aux soins en France métropolitaine. Celui-ci est réalisé au 1er janvier 2007, date à laquelle le nombre de médecins et la densité médicale moyenne ont atteint un niveau historiquement haut. Au cours de la prochaine décennie, ces deux indicateurs vont baisser, de façon transitoire mais notable. Parallèlement, la population continuera à s'accroître de même que la proportion de personnes âgées, fortes consommatrices de soins et qui plus est moins mobiles. Ces deux tendances inverses (réduction de l'offre de soins et augmentation des besoins) rendront plus difficiles l'équité et l'accessibilité aux soins pour tous.

2/ Quels en sont les résultats ?

Précisons tout d'abord que nous évaluons l'accessibilité spatiale aux soins de la population d'une commune en mesurant sa distance au service le plus proche par la route, en kilomètres ou en temps d'accès. Nous constatons que le temps d'accès aux soins est globalement satisfaisant : 95 % de la population française a accès à des soins de proximité tels que ceux des médecins généralistes ou infirmiers en moins de quinze minutes par la route. De même, hormis les spécialités rares, moins de 20 minutes suffisent en moyenne pour rejoindre la plupart des médecins spécialistes libéraux et les équipements médicaux les plus courants. Quant aux soins hospitaliers usuels, 95 % des Français peuvent y accéder en moins de 45 minutes. Cependant, des inégalités persistent et certaines régions rurales, à faible densité de population, cumulent l'éloignement aux soins de proximité et à la plupart des soins spécialisés. Les problèmes d'accessibilité géographique concernent pour l'instant des micro-zones du territoire qui sont souvent situées aux frontières départementales ou régionales. Pour pallier ces difficultés, les décisions doivent donc se prendre au niveau local tout en ménageant une approche interrégionale.

3/ Quelles sont vos perspectives d'analyse dans le contexte de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) du 21 juillet 2009 ?

La loi HPST introduit pour la première fois la notion d'accessibilité géographique dans la définition même des Schémas régionaux d'organisation des soins (Sros) et prône l'égalité d'accès pour tous. Bien que l'accès spatial aux soins soit globalement satisfaisant, la question de l'organisation des services et de l'accès des individus situés au-delà d'un temps estimé « raisonnable » et des populations peu mobiles demeure. Il faudrait donc assurer un suivi régulier des indicateurs pour localiser les zones en difficulté. Ensuite, si la question de l'accessibilité spatiale aux soins médicaux, traitée ici en termes de disponibilité (c'est-à-dire présence ou absence du service ou de l'offre de soins sur le territoire), est essentielle, il est nécessaire de poursuivre son analyse de différentes manières. Les problèmes d'accès aux soins dans l'espace peuvent être compliqués par des difficultés temporelles liées à des ruptures dans la permanence des soins et aux « files d'attente », ainsi que par des difficultés financières par défaut d'une offre de soins au tarif de base. Enrichir le concept d'accessibilité en associant dans un même indicateur composite la distance et d'autres marqueurs d'offre, comme la densité ou l'activité, permettra de tenir compte à la fois de l'éloignement, de la quantité d'offre disponible, du secteur conventionnel d'exercice, ou encore des délais pour obtenir un rendez-vous, et ainsi de refléter plus correctement l'accessibilité globale aux soins pour la population.

Propos recueillis par Anne Evans

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