3 questions à... Pierre Gottely, secrétaire général de l'Observatoire
|
Devant le succès remporté par le premier Forum qui s'est tenu à Québec les 25 et 26 septembre 2005 sur le thème du vieillissement, les ministres Philippe Couillard et Philippe Bas ont pris la décision de renouveler cette manifestation tous les deux ans, en alternance entre la France et le Québec.
C'est ainsi que s'est tenu à Paris les 5 et 6 mars dernier le deuxième Forum franco-québécois de la santé sur un thème qui, malgré son apparence très technique, n'en préoccupe pas moins, fort légitimement, l'ensemble de nos concitoyens, au-delà du cercle restreint des décideurs et des chercheurs. Pendant un jour et demi, une soixantaine d'experts réputés, français et québécois, en ont débattu devant un public de plus de 200 personnes, composé de gestionnaires, d'acteurs et d'usagers du système en interpellant les représentants des ministres qui ont bien voulu se soumettre à cet exercice périlleux.
Les débats ont permis la confrontation entre la réflexion et les expériences des deux parties sur un thème au centre des préoccupations dans les deux sociétés. La richesse de ces échanges fera l'objet d'un numéro spécial de la revue de l'Observatoire, Santé, Société et Solidarité, à paraître avant la fin de l'année.
Je ne livrerai ici que ce qui me paraît être la conclusion générale de ce Forum : si l'idée, que maîtrise des dépenses et qualité sont par essence contradictoires, trouve un certain écho dans l'opinion publique, la majorité des experts pensent que ces deux démarches ne sont nullement exclusives, mais au contraire se renforceraient mutuellement, tous nos efforts devant viser la recherche d'un équilibre optimal entre les deux.
La coopération franco-québécoise dans le domaine de la santé et de la solidarité a une longue histoire et peut se prévaloir d'importants succès. Elle avait cependant un défaut majeur : sa discontinuité, tant dans l'espace que dans le temps, doublée d'une absence de valorisation des résultats obtenus. Dans la quasi totalité des cas, ces opérations n'étaient connues que par leurs promoteurs et ignorées par le reste du vaste secteur de la santé. De même, la plupart des actions restaient sans suite et les rares cas de poursuite relevaient davantage de l'amitié nouée entre protagonistes que d'une démarche structurée.
La création de l'Observatoire semble être la réponse adaptée à ces « carences ». Il réunit en son Comité directeur des organismes, parmi les plus importants, chargés institutionnellement de l'observation de la santé et de la solidarité dans les deux pays (pour le Québec : ministère de la Santé et des Services sociaux, Institut de la Statistique, Institut national de Santé publique et AETMIS ; pour la France : ministère de la Santé et des Solidarités, Irdes qui en assume la direction scientifique, Cermes, Ires et U149 de l'Inserm). Il est ainsi parvenu à fédérer autour de lui les réseaux les plus actifs de la coopération franco-québécoise : ceux de l'économie de la santé, du vieillissement, de la santé périnatale, de la statistique entre autres. Grâce à sa revue semestrielle diffusée à 1 300 exemplaires des deux côtés de l'Atlantique, comme à ses manifestations diverses (séminaires, forums, etc) il leur offre pérennité et visibilité sur les deux continents. La présence d'une soixantaine d'experts (en plus du public), français et québécois, aux deux Forums que l'Observatoire a organisés sur commande directe des ministres témoigne de son implantation comme de sa capacité de mobilisation.
Je commencerai par une lapalissade. Puisqu'il a été créé pour offrir une structure pérenne à la coopération franco-québécoise, sa première ambition est de durer. Ma réponse n'est point formelle. En réalité, l'Observatoire n'est pas le produit d'une décision ministérielle assortie d'un acte réglementaire lui donnant une existence, quelle que soit sa performance. Il est né de l'entente entre un certain nombre de partenaires animés d'une ambition commune, tel que je l'ai exposé plus haut. Sans budget propre, financé exclusivement sur projet, cela lui impose une obligation de réussite permanente qui, à ma connaissance, n'a pas d'autres exemples dans notre secteur. Je peux dire que, jusqu'ici, nos affaires vont non seulement bien, mais de mieux en mieux, même si l'organisation d'un Forum (cette fois-ci sur décision des ministres français et québécois) tous les deux ans pèse lourdement sur nos activités : à peine achevé le Forum de Paris que nous préparons déjà celui du Québec en 2009 sur le thème du cancer. Nous relevons le défi de maintenir, en même temps, toutes nos autres activités, et d'abord la sortie de deux numéros par an de la revue Santé, Société et Solidarité.