3 QUESTIONS À... : MARS 2012







1/ Quels sont les apports de ce nouvel indicateur d'accessibilité spatiale à l'offre de soins en France, l'Accessibilité potentielle localisée (APL) ?

Cette nouvelle mesure de l'accessibilité aux soins permet d'affiner l'étude des disparités d'accès aux soins. En effet, les indicateurs habituellement utilisés comme la densité de médecins par bassin de vie ou la distance d'accès au professionnel le plus proche présentent certaines limites qui sont dépassées par ce nouvel indicateur. Ainsi, la distance d'accès au professionnel de santé définit la plus ou moins grande proximité aux soins mais ne tient pas compte de la quantité d'offre disponible. De même, la densité médicale donne une offre agrégée disponible dans une zone géographique mais présente l'inconvénient de donner une image uniforme pour un ensemble de communes de la même zone, qu'elles soient bien ou mal desservies, et de ne pas tenir compte de l'interaction avec les unités géographiques voisines. Par ailleurs, en prenant en compte l'activité réelle des médecins et la structure par âge des habitants, l'Accessibilité potentielle localisée est plus proche de la réalité rencontrée par les habitants et les professionnels. Cet outil localisé s'avère donc un outil particulièrement utile pour le pilotage régional de l'offre de soins, notamment ambulatoire.

2/ Quels sont les principaux résultats de l'APL appliquée, dans cet article, à l'accès aux médecins généralistes libéraux ?

L'APL présente une plus grande variabilité que les indicateurs d'accessibilité habituellement utilisés car l'environnement de la commune est mieux pris en compte. Du point de vue de l'accès aux médecins généralistes libéraux, l'APL met ici en évidence des disparités entre les communes que la densité par bassin de vie a tendance à masquer. Par exemple, l'APL montre que parmi les communes rurales, celles qui sont isolées sont en moyenne mieux loties en termes d'accès potentiel aux médecins généralistes que les communes rurales périurbaines. Rappelons toutefois que la situation des communes rurales isolées est très disparate, certaines d'entre elles ayant une accessibilité particulièrement faible.

3/ Quelles perspectives de recherche envisagez-vous à partir de cette nouvelle mesure ?

Plusieurs pistes de recherche sont ouvertes à partir de cet indicateur. D'une part, nous souhaitons approfondir la mesure de l'accessibilité aux soins et prendre en compte les facteurs non spatiaux qui interviennent dans l'accès au médecin, notamment les barrières financières et culturelles, mais aussi les différentes pratiques de mobilité des populations.

D'autre part, un des objectifs de ce travail est de croiser cet indicateur avec les zones déficitaires en professionnels de santé et d'analyser leurs correspondances ou absence de correspondances.

Enfin, une dernière perspective de recherche que nous menons à l'Irdes est de comparer l'accessibilité potentielle aux soins avec l'accès réel de la population à ces soins. Il s'agit de mieux comprendre les comportements des individus en matière de recours aux services de santé.

Propos recueillis par Anne Evans

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