3 QUESTIONS À…


1/ Pourquoi avoir réinterrogé la mesure d'accessibilité aux médecins généralistes ?

La recherche sur les inégalités spatiales d'accessibilité aux soins primaires utilise les indicateurs de type « densité flottante » ou Two-step Floating Catchment Area (2SFCA) pour enrichir les mesures obtenues à partir des seuls calculs de densité ou de distance.
Adaptée au contexte français, l'Accessibilité potentielle localisée (APL) appliquée aux médecins généralistes permet de reconsidérer les constats préalablement établis en la matière en proposant une meilleure quantification de l'offre et des besoins de soins ainsi qu'une appréhension ajustée de l'interaction entre l'offre et la demande de soins.
Pour améliorer encore la mesure, nous faisons évoluer cet indicateur de plusieurs manières : en réduisant l'échelle géographique d'observation, de la commune à la maille de 200 mètres ;  en prenant en compte la dimension sociale des besoins et les pratiques de mobilité différenciées (voiture, transports en commun…) ; en proposant une nouvelle approche des interactions entre l'offre et la demande de soins qui permet de se rapprocher des comportements réels de recours aux médecins généralistes en considérant que si une offre proche est disponible, la proportion de patients à se déplacer plus loin sera plus faible et inversement ; enfin, en tenant compte de l'offre de soins spécialisés.

2/ Quelles hypothèses de votre étude méthodologique font évoluer la mesure des inégalités spatiales d'accès aux soins de médecins généralistes ?

En prenant l'Ile-de-France comme cadre d'analyse, nous montrons que le changement d'échelle géographique d'observation met en exergue des situations parfois très contrastées entre différents quartiers d'une même commune. La nouvelle approche des interactions spatiales entre l'offre et la demande est une autre évolution qui modifie beaucoup les niveaux d'accessibilité mesurés, lissant leur représentation spatiale en rééquilibrant les situations entre mailles voisines (cf. graphique du mois de janvier 2020).
L'intégration de la dimension sociale des besoins et des pratiques de mobilité (voiture, transports en commun...) a pour sa part des impacts plus locaux. Par exemple, pondérer les populations selon l'âge augmente les besoins de soins dans les départements de Paris et des Hauts-de-Seine, principalement, tandis que l'introduction de la dimension sociale des besoins de soins a un effet particulièrement marqué en Seine-Saint-Denis. La mise en contexte plus globale de l'indicateur, notamment en tenant compte de l'offre médicale alternative en médecins spécialistes de premier recours, conduit à apporter une vision des équilibres infrarégionaux très sensiblement modifiée.    

3/ Qu'impliquent ces hypothèses ?

La sensibilité des résultats aux différentes hypothèses proposées, et présentées dans cette étude sous forme de scénarios, plaide pour compléter les constats établis en matière d'accessibilité spatiale. La mise au point de ce type d'indicateur révèle, de ce fait, l'importance de mobiliser dans un mouvement d'aller et retour aussi bien des phases de calcul statistique et de représentation géographique des résultats à différentes échelles que des phases d'échanges avec les partenaires institutionnels ou locaux. Ces échanges permettent en effet d'affiner et de valider les hypothèses retenues en les confrontant aux ressentis des acteurs « usagers, professionnels de santé, décideurs » qui vivent et travaillent dans ce territoire, mais aussi de prendre en compte les spécificités des territoires.