3 questions à... Coralie Gandré et Magali Coldefy à l'occasion de la parution du Questions d'économie de la santé n° 249 intitulé : « Les inégalités face au risque de détresse psychologique pendant le confinement. Premiers résultats de l'enquête COCLICO du 3 au 14 avril 2020 », réalisé en collaboration avec Thierry Rochereau
Juin 2020
Un questionnaire internet a été diffusé entre
le 3 et le 14 avril 2020 en mobilisant un échantillon de
personnes adultes représentatives de la population française
vivant en ménage ordinaire. Ce questionnaire incluait un
ensemble de douze questions (General Health Questionnaire
à 12 items, GHQ-12) permettant d'évaluer la survenue d'une
détresse psychologique à court terme en s'appuyant sur
l'identification de difficultés fonctionnelles récentes et
l'apparition de signes d'alarme. La survenue d'une détresse
psychologique au cours des premières phases du confinement est
ainsi observée chez un tiers des répondants, dont 12 %
présentent une détresse d'intensité sévère.
Si le fait d'être exposé au virus constitue
un facteur de risque de survenue de détresse psychologique au
cours du confinement, les conditions et conséquences de ce
confinement jouent le rôle le plus marqué. Les personnes
bénéficiant d'un faible soutien social, celles confinées dans
des logements sur-occupés et celles dont la situation financière
s'est dégradée sont les plus à risque de survenue de détresse
psychologique. Le contexte de crise renforce également des
vulnérabilités préexistantes relatives à l'état de santé mentale
: les femmes et les personnes ayant eu des soins de santé
mentale dans les douze mois précédents sont plus impactées. Les
personnes vivant avec une maladie chronique sont également à
risque, ce qui pourrait être lié à des difficultés d'accès aux
soins au cours du confinement qui seront explorées dans les
vagues suivantes de l'enquête.
Nos résultats montrent que le confinement
affecte plus fortement des populations déjà vulnérables et
renforce des inégalités préexistantes. Ils encouragent le
développement d'actions ciblées à destination de ces
populations, que ce soit pour favoriser leur accès aux soins de
santé mentale ou pour modérer l'impact social et économique de
nouvelles mesures de confinement si elles devaient être
reproduites. Les mesures massives de chômage partiel semblent en
particulier avoir pu jouer un rôle protecteur. Si la dégradation
de la situation financière à la suite du confinement est
associée à un risque de survenue de détresse psychologique, ce
n'est pas le cas de l'évolution de la situation vis-à-vis de
l'emploi qui regroupe des réalités très contrastées en termes de
maintien des revenus.