3 QUESTIONS À...


1/ Comment avez-vous mesuré l'ampleur de la détresse psychologique au cours du confinement et de quel ordre est-elle ?

Un questionnaire internet a été diffusé entre le 3 et le 14 avril 2020 en mobilisant un échantillon de personnes adultes représentatives de la population française vivant en ménage ordinaire. Ce questionnaire incluait un ensemble de douze questions (General Health Questionnaire à 12 items, GHQ-12) permettant d'évaluer la survenue d'une détresse psychologique à court terme en s'appuyant sur l'identification de difficultés fonctionnelles récentes et l'apparition de signes d'alarme. La survenue d'une détresse psychologique au cours des premières phases du confinement est ainsi observée chez un tiers des répondants, dont 12 % présentent une détresse d'intensité sévère.

2/ Quels principaux facteurs associés à la détresse psychologique avez-vous repérés dans cette étude ?

Si le fait d'être exposé au virus constitue un facteur de risque de survenue de détresse psychologique au cours du confinement, les conditions et conséquences de ce confinement jouent le rôle le plus marqué. Les personnes bénéficiant d'un faible soutien social, celles confinées dans des logements sur-occupés et celles dont la situation financière s'est dégradée sont les plus à risque de survenue de détresse psychologique. Le contexte de crise renforce également des vulnérabilités préexistantes relatives à l'état de santé mentale : les femmes et les personnes ayant eu des soins de santé mentale dans les douze mois précédents sont plus impactées. Les personnes vivant avec une maladie chronique sont également à risque, ce qui pourrait être lié à des difficultés d'accès aux soins au cours du confinement qui seront explorées dans les vagues suivantes de l'enquête.

3/ Quelles pistes identifiez-vous pour mieux prévenir le risque de détresse psychologique faisant suite à un confinement ?

Nos résultats montrent que le confinement affecte plus fortement des populations déjà vulnérables et renforce des inégalités préexistantes. Ils encouragent le développement d'actions ciblées à destination de ces populations, que ce soit pour favoriser leur accès aux soins de santé mentale ou pour modérer l'impact social et économique de nouvelles mesures de confinement si elles devaient être reproduites. Les mesures massives de chômage partiel semblent en particulier avoir pu jouer un rôle protecteur. Si la dégradation de la situation financière à la suite du confinement est associée à un risque de survenue de détresse psychologique, ce n'est pas le cas de l'évolution de la situation vis-à-vis de l'emploi qui regroupe des réalités très contrastées en termes de maintien des revenus.