3 QUESTIONS À...


1/ Quelles politiques étudiez-vous dans cette revue de littérature ?

Notre revue de littérature est issue d'un travail réalisé pour France stratégie dans le cadre de l'évaluation de la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté de 2018. La stratégie vise à réduire la pauvreté et les inégalités économiques et sociales. Elle se déploie selon cinq axes : la petite enfance et l'éducation ; l'accompagnement, la formation et l'emploi ; le logement ; les droits sociaux et, donc, la santé. Nous intégrons aussi trois mesures du Ségur de la santé de juillet 2020, lequel, bien que centré sur l'offre de soins, avec des mesures d'investissement dans le système de santé, de financement et d'organisation des soins, affichait aussi un objectif de lutte contre les inégalités sociales de santé. Ces mesures portent sur l'accès et la qualité de la couverture complémentaire, avec en particulier la création de la Complémentaire santé solidaire (C2S) et le 100 % santé, sur l'offre de soins de proximité et sur l'hébergement médicalisé pour les personnes en situation de grande pauvreté.

2/ Comment ces politiques de santé peuvent-elles réduire la pauvreté ?

Les objectifs annoncés des mesures sont la baisse de l'insécurité financière pouvant être engendrée par les dépenses de santé, la réduction des barrières à l'accès aux soins, et, enfin, l'amélioration de l'état de santé des personnes en situation de pauvreté. D'une part, la réduction des restes à charge catastrophiques, c'est-à-dire très importants au regard du revenu du patient, peut permettre de diminuer les risques de tomber ou de rester dans la pauvreté du fait de problèmes de santé, notamment pour les personnes sans complémentaire. D'autre part, le statut économique et social entretient des relations de causalité réciproques avec l'état de santé, qui se construisent sur l'ensemble du cycle de vie. En particulier, la santé a un effet de court et de long terme sur la situation sociale, influençant notamment l'accès à l'emploi et les carrières professionnelles, mais aussi le niveau d'études. Un meilleur accès aux soins des populations pauvres peut ainsi, en améliorant leur santé, jouer in fine sur leur situation sociale.

3/ Quelles sont les expériences étrangères qui éclairent le mieux les politiques qui seront mises en œuvre en France ?

En France les politiques étudiées s'inscrivent dans une forme de continuité, comme l'évolution des programmes visant à faciliter l'accès à une couverture santé aux personnes en situation de pauvreté, et pour lesquels les travaux de recherche avaient mis en évidence un non-recours important. Aux États-Unis, l'absence de couverture universelle a conduit au développement de programmes visant à faciliter l'accès à une couverture santé aux plus pauvres, dont les mécanismes sinon la magnitude des effets peuvent éclairer le cas français. Nous illustrons les dispositifs d'offre de soins de proximité à partir des exemples des centres de santé communautaires et participatifs aux États-Unis et au Canada. Enfin les mesures portant sur l'hébergement médico-social sont issues pour partie du modèle de Housing First (Logement d'abord), développé aux Etats-Unis et mis en œuvre dans de nombreux pays développés en Europe et en Amérique du Nord, ainsi que du programme Medical Respite (Répit médical), là encore aux États-Unis.