3 QUESTIONS À...


1/ Quelles sont les caractéristiques des femmes handicapées vivant en institution et éligibles au dépistage des cancers du sein et du col de l'utérus comparativement à leurs homologues vivant à domicile ?

À domicile comme en institution, les femmes en situation de handicap sont identifiées dans notre étude par le fait d'avoir déclaré des difficultés pour réaliser seules au moins une activité de la vie quotidienne (se laver, s'habiller, faire sa toilette, …) ou au moins une activité instrumentale de la vie quotidienne (faire les courses, le ménage, …). Parmi ces femmes éligibles aux dépistages des cancers féminins, âgées de 25 à 75 ans, celles qui résident en institutions médico-sociales (foyers de vie, foyers d'hébergement, Maisons d'accueil spécialisées (Mas), Foyers d'accueil médicalisé (Fam), Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), Unités de soins de longue durée (USLD)) ont des caractéristiques très différentes de celles qui résident à domicile. Ainsi, les femmes vivant en institution sont plus souvent dépendantes, polyhandicapées et ont également une insertion sociale beaucoup moins développée. Ces différences de caractéristiques peuvent expliquer des différences de recours au dépistage des cancers féminins entre ces deux populations, c'est pourquoi nous contrôlons de ces différences afin de comparer les taux de recours aux dépistages des femmes résidant en institution à celle des femmes vivant à domicile.

2/ Quels sont les taux de recours à la mammographie et au frottis de ces deux populations ?

Environ 44 % des femmes vivant en institution déclarent avoir eu un dépistage du cancer du col de l'utérus et 54 % un dépistage du cancer du sein. Après prise en compte des différences de caractéristiques individuelles entre les femmes handicapées en institution et à domicile, on identifie un effet facilitateur des institutions pour accéder aux soins préventifs. Ainsi, les femmes handicapées résidant en institution ont une probabilité significativement plus élevée de 15 points de déclarer avoir été dépistées pour le cancer du col de l'utérus et plus élevée de 5 points pour le dépistage du cancer du sein comparativement aux femmes handicapées résidant à domicile.

3/ Que suggèrent ces résultats ? Y a-t-il des différences selon les types d'établissements ?

Ces résultats semblent indiquer un impact global positif des établissements sur la prévention des cancers féminins. Dans les institutions de type Mas-Fam, foyers de vie ou foyers d'hébergement accueillant des femmes handicapées, les taux de dépistage déclarés du cancer du sein sont d'environ 70 %. Par rapport aux femmes handicapées résidant à domicile ayant des caractéristiques comparables, ces taux sont supérieurs de 20 points (Foyers) à 35 points (Mas-Fam). En revanche, pour les femmes âgées qui résident en Ehpad, le taux de dépistage du cancer du sein déclaré est inférieur à 50 % et nous n'identifions pas de différence de recours avec les femmes âgées comparables résidant à domicile. Pour le dépistage du cancer du col de l'utérus, une importante différence est observée dans les taux de dépistage entre les établissements médicalisés de type Mas-Fam (26 %) et les établissements non-médicalisés de type foyers de vie et foyers d'hébergement (61 %). Si ces taux restent deux fois plus élevés que ceux des femmes résidant à domicile ayant les mêmes caractéristiques, ces résultats questionnent sur le bénéfice de la réalisation de frottis par rapport aux difficultés et aux troubles psychiques que peut produire ce type d'acte invasif auprès des femmes en Mas et en Fam.