3 QUESTIONS À...


3 questions à... Cécile Fournier, l'une des coordinatrices de l'ouvrage Pratiques de coopération en santé. Regards sociologiques, premier opus de la nouvelle série « Sociologie » des ouvrages de l'Irdes, avec Thomas Denise, Sophie Divay, Marie Dos Santos, Lucile Girard, Aymeric Luneau

Juin 2022

1/ Dans quel contexte a été conçu cet ouvrage collectif sur les pratiques de coopération en santé ?

Le système de santé français, caractérisé par de multiples cloisonnements cumulatifs, répond mal aux situations de plus en plus complexes des usager·ère·s, qui nécessitent de prendre en compte des facteurs tant biologiques que sociaux et environnementaux. Des solutions sont recherchées dans le développement et le renforcement des coopérations entre les professionnel·le·s de santé, avec les usager·ère·s, mais aussi entre la ville et l'hôpital, ou encore entre les secteurs du sanitaire, du médico-social, et du social.
Dans ce contexte, les journées d'études organisées les 28 et 29 mars 2019 à Paris sous l'égide de l'Association française de sociologie (AFS) entre des chercheur·e·s des réseaux thématiques RT1 « Savoirs, travail et professions » et RT19 « Santé, médecine, maladie et handicap » allaient offrir un cadre stimulant pour réinterroger la notion polysémique de « coopération », tant du point de vue des sociologues que des enquêté·e·s, et servir de base à l'élaboration de cet ouvrage.

2/ Avec quels objectifs ?

La qualité des contributions à ces journées nous a conduit·e·s à publier un appel à communications visant à rendre visibles et accessibles les résultats des travaux qui y avaient été présentés. Il s'agissait de mettre en valeur une pluralité d'approches théoriques et méthodologiques permettant d'aller voir, au plus près des situations de terrain, ce qui se joue sous les injonctions à la coopération en santé, tout en prenant en compte leurs effets : par exemple, observer les effets de la coopération sur les frontières professionnelles, sur l'autonomie des protagonistes, ou encore sur la légitimation ou l'invalidation des savoirs tant professionnels que profanes.
Pour poursuivre le dialogue engagé lors des journées d'études, il s'agissait également de réunir dans cet ouvrage les contributions de jeunes chercheur·e·s et de chercheur·e·s confirmé·e·s, dont certain·e·s coopèrent avec des usager·ère·s et/ou avec des professionel·le·s.

3/ Comment est-il construit, pour s'adresser à qui ?

Dans cet ouvrage collectif qui réunit 32 contributions individuelles ou collectives, impliquant plus de 80 chercheur·e·s, nous avons tenu à rendre lisible le processus de construction de l'objet « coopération » à l'aune des pratiques observées par les auteur·rices, mais aussi, dans la postface, à travers le regard porté sur cet ensemble de travaux par un chercheur reconnu pour son analyse sociohistorique des transformations du système de santé français, qui est aussi un observateur avisé de l'évolution de la recherche sociologique sur ces questions. L'ouvrage s'articule autour de trois chapitres qui mettent en évidence comment la coopération, inscrite dans des rapports de pouvoir, suppose des mécanismes de régulation pour perdurer. Le premier chapitre étudie les négociations autour de la division du travail entre parties prenantes, le second s'intéresse à une diversité de territoires professionnels faisant l'objet de luttes et le troisième questionne, dans les pratiques de coopération, l'articulation de savoir professionnels, experts et profanes.
Cet ouvrage a pour vocation de s'adresser tant aux étudiant·e·s et chercheur·e·s qu'aux professionnel·le·s et aux usager·ère·s du système de santé.