3 questions à... Constance Prieur et Paul Dourgnon à l'occasion de la parution du Questions d'économie de la santé n° 266 intitulé : « Une personne sans titre de séjour sur six souffre de troubles de stress post-traumatique en France », rédigé avec Florence Jusot, Antoine Marsaudon , Jérôme Wittwer et Stéphanie Guillaume
Mars 2022
Les Troubles de stress post-traumatique (TSPT) sont des troubles psychiatriques qui surviennent après un événement traumatisant. Ils altèrent profondément la vie personnelle et sociale des personnes qui en souffrent et nécessitent une prise en charge spécialisée. Selon l'enquête Premiers pas, réalisée en 2019 à Paris et dans l'agglomération de Bordeaux, la prévalence des TSPT atteint 16 % parmi les personnes sans titre de séjour, alors qu'elle est estimée entre 1 et 2 % dans la population générale. Les femmes et les hommes apparaissent touchés dans des proportions proches.
Cette prévalence très élevée n'est pas seulement la conséquence d'événements vécus dans le pays d'origine ou pendant le parcours migratoire. Elle est aussi corrélée aux conditions de vie en France, souvent très précaires. La précarité des conditions de vie et l'isolement peuvent augmenter le risque de subir une expérience traumatisante. Elles peuvent aussi, en épuisant la résistance morale et physique des personnes, contribuer au développement de TSPT ou en renforcer les symptômes.
Les TSPT nécessitent des prises en charge spécialisées. Cependant, seules 47 % des personnes souffrant de TSPT et éligibles à l'Aide médicale de l'État (AME) sont effectivement couvertes. Toutefois, une amélioration de l'accès à une couverture maladie, si elle doit permettre d'en atténuer les conséquences sur la santé des victimes, ne permettrait pas de prévenir les TSPT. Les déterminants des TSPT trouvent leur source dans les pays d'origine, la migration elle-même, et les conditions de vie dans le pays d'accueil. C'est sur ces dernières que les politiques publiques peuvent agir en France.