3 QUESTIONS À...


1/ Qu'est-ce que l'Hospitalisation à domicile (HAD), en l'occurrence en Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ? Quels soins y sont les plus fréquemment dispensés ?

L'Hospitalisation à domicile (HAD) en Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) fournit les ressources médicales et techniques nécessaires pour réaliser certains soins de nature hospitalière directement dans l'établissement. Autorisées en Ehpad depuis 2007, les équipes d'HAD sont le plus souvent composées d'un médecin coordonnateur, d'une infirmière coordonnatrice, d'une infirmière et d'une assistante sociale. Elles se différencient des équipes mobiles (de soins palliatifs, psychiatriques, ou gériatriques) qui sont des équipes hospitalières intervenant dans les Ehpad pour conseiller le personnel de l'établissement sans directement réaliser des soins aux résidents. L'HAD est prescrite par un médecin, généralement le médecin traitant du résident. Si l'HAD est prescrite par un autre médecin que le médecin traitant, le dispositif ne peut être mis en place sans l'accord de ce dernier. De plus, l'Ehpad et l'équipe d'HAD doivent au préalable avoir signé une convention de partenariat définissant les responsabilités de chacun. L'HAD en Ehpad implique donc une collaboration entre l'équipe d'HAD, le médecin traitant de la personne, les professionnels de l'Ehpad mais aussi, parfois, avec les médecins hospitaliers lorsqu'ils prescrivent l'HAD. Ces équipes d'HAD, lorsqu'elles interviennent en Ehpad, réalisent principalement des pansements complexes, c'est-à-dire des soins de plaies complexes comme les escarres, stomies compliquées, ulcères, etc.), et des soins palliatifs.

2/ Quels sont les avantages à développer cette prise en charge pour les personnes résidant en Ehpad ?

Notre étude montre que l'intervention de l'HAD permet à la fois de réduire les hospitalisations classiques et le recours aux urgences, ainsi que d'augmenter l'utilisation des soins palliatifs en fin de vie, tout cela pour un coût plus faible pour l'Assurance maladie. Ces résultats suggèrent ainsi une amélioration de la qualité de prise en charge en Ehpad à différents titres. Tout d'abord, assurer des soins fournis habituellement à l'hôpital directement dans l'établissement grâce aux équipes d'HAD permet de réduire le risque de détérioration physique et psychique lié à un transfert à l'hôpital pour les résidents. Deuxièmement, éviter des passages aux urgences non suivis d'hospitalisation peut être la conséquence positive d'une amélioration de la coordination et de la continuité des soins initiées par l'HAD, qui nécessite une interaction entre des professionnels appartenant à plusieurs secteurs habituellement cloisonnés. Troisièmement, en permettant d'augmenter le recours aux soins palliatifs, l'HAD peut améliorer la qualité de fin de vie des résidents. Toutes ces améliorations de la prise en charge sanitaire des résidents s'accompagnent de dépenses totales plus faibles par résident ; l'HAD en Ehpad apparaît donc comme un outil qui peut améliorer l'efficience des soins.

3/ Quelles pistes préconisez-vous pour améliorer la qualité des soins prodigués aux personnes résidant en Ehpad ?

Si l'HAD apparaît comme un outil efficient qui permet d'améliorer la prise en charge des résidents en Ehpad et de réduire les coûts hospitaliers pour l'Assurance maladie, la qualité des soins qui y sont réalisés ne peut pas reposer sur ce seul dispositif. En effet, il n'est pas accessible à l'ensemble des établissements, ni même à l'ensemble des résidents d'un même établissement en fonction de son médecin traitant (s'il connaît et apprécie le dispositif, etc.). Le nombre d'admissions en HAD est relativement faible au regard du nombre de transferts hospitaliers, qui étaient 30 fois plus fréquents au premier semestre de 2017. De plus, faire déplacer une équipe hospitalière pour des besoins de soins courants tels que les soins palliatifs et les pansements complexes peut s'avérer peu soutenable économiquement et du point de vue environnemental (coût de transport élevé, etc.). Un financement pérenne des besoins de soins courants en Ehpad serait nécessaire, car le manque de soins quotidiens peut entraîner une dégradation de l'état de santé des résidents avec, notamment, la formation de plaies complexes, source de souffrances pour le résident et de dépenses sanitaires plus coûteuses à l'hôpital ou en HAD. De même, intégrer les besoins de soins palliatifs des résidents dans les missions des Ehpad en assurant un financement et une formation adaptée du personnel pourrait permettre d'améliorer la qualité de fin de vie dans l'ensemble des établissements et pour l'ensemble des résidents, tandis que les équipes mobiles hospitalières, comme l'HAD, pourraient se focaliser sur les prises en charge les plus complexes.