3 questions à... Maude Espagnacq et Camille Regaert, à l'occasion de la parution du Questions d'économie de la santé n° 294 intitulé : « Près de 7 % de la population a des limitations dans la vie quotidienne à la suite d'un trouble psychique, intellectuel ou cognitif »
Novembre 2024
Le projet Rish a pour objectif d'identifier, à partir des données de consommation de soins issues du Système national des données de santé (SNDS), les personnes qui ont des limitations fonctionnelles, et plus spécifiquement dans cette étude, en raison de troubles psychiques, intellectuels ou cognitifs. Cette source permet d'éviter les biais des enquêtes déclaratives comme la sous-déclaration de ces troubles. Il est également possible d'effectuer un suivi dans le temps et ainsi d'étudier l'évolution de cette population avec des troubles psychiques, intellectuels ou cognitifs. Les données médico-administratives rendent aussi possibles des travaux à des niveaux géographiques fins, en l'occurrence le département. Ces deux types de recherche n'étaient pas réalisables à partir des enquêtes existantes.
A partir des données du SNDS, 4,5 millions de personnes ont été repérées avec des limitations fonctionnelles à la suite d'un trouble psychique, intellectuel ou cognitif. Selon la nature du trouble, la population est assez différente. La population avec un trouble exclusivement cognitif est peu nombreuse, moins de 300 000 personnes, davantage masculine, avec une base jeune. Celle ayant un trouble exclusivement psychique est plus nombreuse, près de 3 millions de personnes, qui ont un âge moyen de 50 ans. La dernière population, estimée à 1,3 million d'individus, est composée de personnes ayant des troubles psychiques et intellectuels ou cognitifs. Elle est plus âgée et principalement féminine, particulièrement aux grands âges.
Globalement, il y a une certaine homogénéité territoriale du taux de limitations fonctionnelles à la suite d'un trouble psychique, intellectuel ou cognitif. Néanmoins, certains départements se distinguent, avec des taux plus faibles, comme la région parisienne ou la Haute-Savoie, quand d'autres ont des taux plus élevés que la moyenne, comme le centre de la France ou la Corse. On constate également que les taux varient selon la nature des troubles. Les limitations à la suite de troubles psychiques concernent davantage le sud de la France et la Corse, alors que les troubles intellectuels ou cognitifs, associés ou non aux troubles psychiques, concernent plus le centre de la France et la Bretagne.