Un paradoxe : alors que le besoin de soins des personnes en situation de handicap est souvent plus important, particulièrement concernant les soins bucco-dentaires et ophtalmologiques, la littérature a montré qu'elles avaient moins recours à ces soins que les personnes ne souffrant d'aucun handicap. De plus, le contexte assez récent d'augmentation de l'espérance de vie des personnes handicapées, les témoignages d'un moindre accès aux soins et à la prévention ainsi que la priorité affichée par les pouvoirs publics de chercher à pallier ces inégalités (cf. Rapport Jacob, 2013) ont prévalu à cette étude. Il s'agissait de mieux connaître cette population très hétérogène selon le type de handicap, le niveau socio-économique mais aussi selon le lieu de vie, à domicile ou en institution.
L'accès aux soins des personnes en situation de handicap a surtout été étudié pour celles qui vivent à domicile, comparativement aux personnes sans handicap. Dans cette littérature maintenant assez riche, sont principalement mis en exergue des problèmes d'accès physique ainsi que la situation socio-économique plus défavorable des personnes handicapées comme principaux facteurs explicatifs de leur moindre recours aux soins. En revanche, la littérature ne disait jusqu'à maintenant presque rien sur la comparaison de l'accès aux soins des personnes en situation de handicap, selon qu'elles vivent en ménages ou en institutions. Quelques rares études soulignaient un meilleur accès pour les personnes institutionnalisées pour les soins dentaires. Mais on ignorait jusque-là si ces résultats étaient généralisables aux autres soins.
Nos résultats font état d'une probabilité de recours augmentée pour les personnes en institutions, pour tous les soins à l'exception du dépistage du cancer du sein pour lequel le différentiel n'est pas statistiquement significatif. Par ailleurs, il faut souligner que l'importance de l'écart varie en fonction des soins étudiés : il est faible pour deux soins (dépistage du cancer du côlon +3 points ; soins ophtalmologiques + 4 points), plus élevé pour le frottis (+9 points) et pour les soins gynécologiques (+13 points) ; il atteint un niveau encore plus accentué pour la vaccination contre l'hépatite B (+17 points) et pour les soins dentaires (+18 points).
Un droit citoyen pour la personne handicapée, un parcours de soins et de santé sans rupture d'accompagnement.
Jacob P. (2013). Ministère délégué chargé des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion.
Propos recueillis par Anne Evans