3 QUESTIONS À...


1/ Quelles dimensions nouvelles utilisez-vous pour définir et mesurer l'accessibilité aux médecins généralistes ?

La recherche sur les inégalités spatiales d'accessibilité aux soins primaires, en s'appuyant sur des indicateurs de type SFCA, a permis ces dernières années de dépasser les limites des indicateurs classiques de densité et de distance. Adaptée au contexte français, l'Accessibilité potentielle localisée (APL) permet de reconsidérer les constats préalablement établis en la matière en proposant des avancées méthodologiques mais également une meilleure quantification de l'offre et des besoins de soins et une appréhension ajustée de l'interaction entre l'offre et la demande.
Pour améliorer encore la mesure, nous faisons évoluer cet indicateur de plusieurs manières grâce à la mobilisation de nouvelles bases de données volumineuses : en réduisant l'échelle géographique d'observation, de la commune à la maille de 200 mètres ; en prenant en compte la dimension sociale des besoins et les pratiques de mobilité différenciées (voiture, transports en commun…) ; en considérant l'effet systémique des interactions entre l'offre et la demande à l'échelle régionale ; en tenant compte de l'offre de soins spécialisée.

2/ Pourquoi se concentrer sur l'Ile-de-France ?

Nous nous concentrons sur l'Île-de-France afin de tenir compte des spécificités d'une région multipolarisée et diversifiée sur le plan social et morphologique. En effet, c'est une région dont le cœur d'agglomération est exceptionnellement dense et très finement maillé par un réseau de transports en commun. C'est, en même temps, une région qui dispose, en grande couronne, d'une superficie importante d'espaces périurbains et ruraux, où les problématiques d'accès aux soins se posent tout à fait différemment.
Par ailleurs, en se limitant à l'étude d'une seule région, nous disposons de données plus fines (matrices des temps de trajet de maille à maille en voiture, marche à pied et transports en commun), nous avons pu géolocaliser l'ensemble des professionnels de santé à l'adresse puis à la maille… Se limiter à une seule région permet enfin de limiter la volumétrie des données mobilisées et de restreindre les temps de calculs à des durées raisonnables.

3/ Quels sont les résultats des différents scénarios que vous proposez ?

Les résultats sont présentés sous forme de scénarios comparant l'effet de chacune des hypothèses introduites. Le changement d'échelle géographique d'observation met en exergue des situations parfois très contrastées entre différents quartiers d'une même commune. La prise en compte des interactions entre l'offre et la demande à l'échelle régionale est la seconde évolution qui modifie le plus les niveaux d‘accessibilité mesurés, lissant la représentation spatiale des niveaux d'accessibilité en rééquilibrant les situations entre mailles voisines (référence carte de la lettre info). L'intégration de la dimension sociale des besoins et des pratiques de mobilité différenciées (voiture, transports en commun…) a des impacts plus locaux. Par exemple, pondérer les populations selon l'âge augmente les besoins dans les départements de Paris et des Hauts-de-Seine principalement tandis que l'introduction de la dimension sociale des besoins à un impact particulièrement marqué en Seine-Saint-Denis. Enfin, la mise en contexte plus globale de l'indicateur, notamment en tenant compte des offres médicales alternatives en spécialistes de premier recours, conduit à apporter une vision des équilibres infra-régionaux très sensiblement modifiée.

Propos recueillis par Anne Evans