3 questions à... Marie Herr à l'occasion de la parution du Questions d'économie de la santé n° 230, février 2018, intitulé : « Fragilité des personnes âgées et consommation de médicaments : polymédication et prescriptions inappropriées », co-écrit avec Nicolas Sirven, Hélène Grondin, Sylvain Pichetti, Catherine Sermet.
Février 2018
L'évaluation de la fragilité repose sur cinq critères déclaratifs témoignant d'une perte de réserve physiologique : la perte de poids non intentionnelle, la fatigue, le manque d'activité physique, la réduction de la mobilité et la faiblesse musculaire. Un sujet est dit fragile s'il présente au moins trois de ces critères, pré-fragile s'il en présente un ou deux. Concernant les médicaments, nous nous intéressons à la consommation de nombreux médicaments, autrement dit à la polymédication, et à la prescription de médicaments ayant a priori un mauvais rapport bénéfice/risque chez le sujet âgé.
Nous montrons que les sujets fragiles sont plus souvent polymédiqués que les sujets non-fragiles, et qu'ils ont un risque accru de recevoir des médicaments anticholinergiques. En d'autres termes, nous montrons que les sujets fragiles sont plus exposés aux risques inhérents à la polymédication et aux médicaments anticholinergiques, alors même qu'ils ont a priori de moindres capacités à faire face aux effets indésirables des médicaments.
La représentativité de l'échantillon d'étude par rapport à la population nationale ainsi que l'utilisation des données de remboursement par l'Assurance maladie sont les principales forces de cette étude. Cependant, l'interprétation des résultats doit tenir compte de l'absence de mesure objective de la mobilité et de la force musculaire ainsi que de la taille limitée de l'échantillon d'étude.
Propos recueillis par Anne Evans