3 QUESTIONS À...


1/ Que connaît-on de la situation en France des immigrés face à l'épidémie de coronavirus ?

Les premières analyses menées par la statistique publique et la recherche en santé publique montrent que les immigrés sont particulièrement impactés par l'épidémie de coronavirus. Tant en termes de surmortalité que de prévalence, c'est-à-dire de survenue de la maladie, leurs résultats pointent des différences importantes en leur défaveur. Selon les études de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et de l'Institut de recherche en santé publique (Iresp), le nombre de décès comptabilisés entre mars et avril 2020 a augmenté de 48 % pour les personnes nées à l'étranger contre 22 % pour les personnes nées en France. Ces écarts de mortalité s'accentuent en fonction de l'origine géographique de la personne : + 114 % pour les personnes nées en Afrique subsaharienne, + 91 % pour les personnes nées en Asie et + 54 % pour celles qui sont nées au Maghreb. Les analyses en prévalence confirment ces disparités et semblent de plus montrer que les différences de prévalence observée entre immigrés et natifs reflètent des différences de conditions de vie, la situation socio-économique et de logement. L'enquête Premiers pas, réalisée en 2019, souligne justement les conditions de vie particulièrement difficiles des immigrants sans titre de séjour.

2/ Parmi les personnes étrangères sans titre de séjour, quelles sont celles les plus à risque de développer une forme grave de la Covid-19 ?

Le risque de développer une forme grave de Covid est associé à certains problèmes de santé. Ces problèmes ne sont pas distribués de la même façon parmi les personnes sans titre de séjour que dans le reste de la population résidente. Nos analyses montrent qu'à même structure d'âge que la population générale, les femmes sans titre de séjour âgées de moins de 50 ans sont particulièrement à risque, surtout du fait de problèmes cardiovasculaires, de diabète et d'obésité plus fréquents. Parmi les hommes de moins de 50 ans, la situation est plus contrastée : à structure d'âge comparable, ils souffrent plus fréquemment de maladies cardiovasculaires, mais ont un risque plus faible d'avoir de l'asthme ou du diabète. Comment expliquer ces différences ? Les résultats de recherches précédentes pointent vers des différences de sélection à la migration, c'est-à-dire en particulier de motifs et modes de venue, ou de modes de vie.

3/ Quelles sont les conséquences économiques et sociales du confinement sur ces personnes ?

Avant la crise sanitaire, les personnes étrangères sans titre de séjour connaissaient déjà de nombreuses situations de précarité. Elles cumulaient notamment précarité économique, alimentaire et de logement. Parmi les personnes sans titre de séjour qui exercent un travail rémunéré, beaucoup appartiennent à des secteurs particulièrement impactés par le confinement, comme l'hôtellerie restauration et certains métiers manuels. Le travail informel, naturellement moins protégé par le droit, est particulièrement à risque de perte d'emploi ou de revenu. Enfin, certaines structures proposant des services d'aide aux personnes étrangères ont dû restreindre leurs horaires d'ouverture ou diminuer le nombre de leurs personnels, salariés ou bénévoles.