« MARDIS DE L'IRDES » : HISTORIQUE 2021

Les séminaires « Mardis de l'Irdes » présentent des travaux de recherche finalisés ou en cours.

Ils répondent à deux objectifs :

  • présenter et discuter les travaux effectués par les chercheurs de l'Irdes,
  • valoriser et échanger sur les travaux réalisés par des équipes de recherche extérieures à l'Irdes.

Les « Mardis de l'Irdes » se déroulent généralement un mardi à 11h00 à l'Irdes et sont ouverts aux personnes extérieures (chercheurs, administrations, professionnels de santé, etc.). La durée d'un séminaire est au maximum d'une heure et demie, soit jusqu'à 45 minutes d'exposé et 45 minutes de discussion.

Les séminaires de recherche de l'Irdes dans leur version historique sont désormais intégrés aux « Mardis de l'Irdes ».






Approche de l'impact de la sclérose en plaques sur les parcours professionnels à partir d'une méthode mixte

Espagnacq M., Guillaume S., Pichetti S. et Regaert C. (Irdes)
Leray E. (EHESP)
Duguet E. (Upec)

Mardi 30 novembre 2021

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie de l'adulte jeune qui débute le plus souvent entre 20 et 40 ans et touche 2 à 3 femmes pour 1 homme. Cette maladie chronique dure plusieurs décennies et la surmortalité ne commence qu'après dix à vingt ans d'évolution de la maladie. De ce fait, les personnes atteintes de SEP sont pleinement touchées par les questions d'insertion professionnelle.
Les objectifs du projet Effects of Multiple Sclerosis on Occupational Trajectories (EMOJI) sont d'évaluer l'impact de la SEP sur le parcours professionnel à court et moyen termes. Pour ce faire, nous mesurons les effets de la SEP sur le parcours professionnel selon le sexe et l'âge des individus, leur niveau de salaire à l'entrée sur le marché du travail, la période et la présence de comorbidités, et, nous analysons également les modalités qui conduisent à une sortie de l'emploi par la reconnaissance en invalidité accordée par l'Assurance maladie.
Pour y parvenir, des approches quantitatives et qualitatives ont été combinées via, d'une part, l'analyse longitudinale de données médico-administratives (la base Hygie), et, d'autre part, des entretiens semi-directifs auprès de personnes ayant une SEP. Le recueil de données qualitatives a permis d'obtenir des informations riches et contextualisées aidant à l'interprétation des résultats quantitatifs, mesurés sur un grand nombre de patients, mais limités en termes d'informations disponibles.


Designing Financial Incentive Programs for Weight Loss

Arrighi Y. (Université de Lille, CNRS Lem UMR 9221), Boukari F. (Université de Lille, CNRS Lem UMR 9221), Crainich D. (Université de Lille, CNRS, IESEG School of Management, UMR 9221 - Lem - Lille Économie Management, F-59000 Lille, France)

Mardi 29 juin 2021

Several programs associating financial gains with the achievement of weight loss objectives have been set up over the last decade. These programs seem to produce mixed effects, possibly because their designs differ both in terms of the objectives assigned to the participants and the amounts awarded in case of success. In this article, we examine whether these programs should be tailored to the characteristics and the preferences of the subjects. Our theoretical model suggests that participants are more likely to lose weight if the difficulty of the goal assigned to them and the reward they obtain in the event of success are jointly defined according to their preferences towards risk.


Comment expliquer les inégalités de classe et de genre dans les récupérations post-AVC ?

Darmon M., sociologue, directrice de recherche au CNRS
Discussion : Bricard D. et Fournier C. (Irdes)

Mardi 8 juin 2021

Les suites des Accidents vasculaires cérébraux (AVC) et, notamment, les récupérations de compétences ou d'habiletés perdues semblent marquées par des inégalités de classe et de genre importantes, et ce même à gravité de la lésion ou type de prise en charge comparables. Mon intervention présentera quelques explications qui peuvent en être données à partir d'une approche sociologique. J'examinerai notamment les valeurs socialement attribuées aux pertes et aux récupérations qui font suite à l'AVC, qui peuvent rendre compte des moins bonnes récupérations pour les femmes, ainsi que la « forme scolaire » de l'hôpital, qui permet de mettre en lumière l'existence de déterminismes sociaux de classe de la récupération neurologique. Cette intervention visera également à montrer l'apport et la robustesse des approches qualitatives (et en particulier des ethnographies hospitalières) dans la recherche d'explications aux inégalités sociales de santé observées statistiquement.


Des territoires face à l'épidémie de Covid-19 : entre affaiblissement et renforcement des coopérations en soins primaires

Fournier C. (Irdes), Michel L. (Irdes), Morize N. (Sciences Po, Irdes), Pitti L. (Cresppa, Irdes), Suchier M. (Irdes), avec la collaboration de Bourgeois I. (Icones médiation santé, Irdes) et Schlegel V. (Irdes)
Discutante : Lucas V. (Irdes)

Mardi 25 mai 2021

A rebours de la focale mise sur l'hôpital, ce premier volet de l'enquête Execo2 (Exercice coordonné en soins primaires face à l'épidémie de Covid-19) concentre le regard sur les reconfigurations de l'organisation des soins primaires durant la première vague de l'épidémie, au sein de six territoires de France hexagonale aux caractéristiques contrastées.

Cette enquête sociologique qualitative repose sur une étude de cas comparative, fondée d'une part sur une connaissance préalable des territoires investigués par les chercheur.es, et d'autre part, sur des entretiens, parfois répétés, menés entre mars et décembre 2020 auprès de membres d'équipes pluri-professionnelles de soins primaires - cinq maisons de santé pluri-professionnelles et un centre de santé associatif - et de leurs partenaires dans la réponse à la crise. Cet article vise à comprendre comment, et à quelles conditions, dans le contexte de grande incertitude ouvert par l'épidémie, les coopérations entre soignant.es de ville, hospitalier.es et collectivités territoriales se reconfigurent.

La crise, en suspendant les routines de travail, agit comme un révélateur des territoires d'actions des soins primaires faisant sens localement, qui apparaissent distincts des territoires administratifs officiels. Le déploiement de coopérations pluri-professionnelles et intersectorielles intervient à des échelles variées sur chacun de ces territoires. Selon les contextes, la crise vient suspendre, activer ou amplifier des coopérations préexistantes plus qu'elle n'en crée de nouvelles. S'observent alors deux mouvements antagonistes, simultanés ou successifs, d'affaiblissement ou de renforcement des coopérations préexistantes. Ce double mouvement repose sur plusieurs logiques parallèles, qui dans certains cas, se renforcent mutuellement : d'abord des logiques de coopération au sein de chaque groupe professionnel ; ensuite des logiques pluri-professionnelles autour des organisations existantes ; enfin des logiques intersectorielles, entre soignant.es de ville, hospitalier.es et membres des collectivités locales, dans lesquelles les Communautés professionnelles territoriales de santé  (CPTS) naissantes peuvent jouer un rôle d'accélérateur.

Dans cette première phase de l'épidémie, où les coopérations se sont construites « par le bas », les dynamiques observées dépendent davantage de l'histoire des relations entre les acteurs sur les territoires vécus et de la préexistence ou non de projets coordonnés en soins primaires que du taux d'incidence de l'épidémie, des caractéristiques socio-démographiques de la population ou de l'offre de soins sur les territoires, qui ont des effets indirects et contrastés.


Trajectoires et déterminants individuels du recours régulier à la prévention sur longue période à partir des données de la cohorte E3N

Dugord C. (CESP, Inserm UMR 1018, S-PRI, Université Paris-Dauphine, PSL, Leda, Legos), Franc C. (CESP, Inserm UMR 1018, S-PRI, Irdes)
Discussion : Bricard D. (Irdes)

Mardi 30 mars 2021

Malgré la mise en place de nombreuses politiques publiques, le recours à la prévention, pourtant devenue un enjeu majeur de la soutenabilité du système de santé, reste insuffisant. Notre objectif est de dresser, sur longue période, une typologie des comportements de recours et de non recours à la prévention, en étudiant notamment les liens entre régularité et diversité des recours selon l'éligibilité aux différents examens, ainsi que les déterminants individuels associés aux différentes trajectoires identifiées, dont celles qui présentent des ruptures.

À partir des données de la cohorte épidémiologique E3N (100 000 femmes suivies depuis 1990), nous étudions les dépistages associés aux principaux cancers (mammographie, frottis, hemoccult/RSOS) ainsi que la vaccination contre la grippe sur des périodes allant de huit à quinze ans, entre 2000 et 2018. Pour chaque action de prévention, nous incluons la régularité selon la périodicité recommandée et l'éligibilité des femmes. Nous mobilisons des méthodes d'analyses de séquences (Optimal Matching) et de clustering qui permettent, pour chaque action de prévention, d'identifier des clusters de femmes ayant des trajectoires de recours individuelles similaires sur la période considérée. Sur la base de ces trajectoires, surtout celles enregistrant une rupture comme le fait de cesser un dépistage alors que la femme reste éligible, des modèles de type probit longitudinal sont utilisés afin d'identifier d'éventuels leviers associés à ces changements de comportements.

Malgré des différences entre les actions de prévention, certaines semblent « plus faciles » avec des taux de recours élevés (mammographie). L'analyse des clusters de trajectoires obtenus fait émerger quatre types de comportements de recours à la prévention récurrents : des femmes avec un recours très régulier, ou nul ou rare, ou qui passent du recours régulier au non-recours, ou enfin celles qui rattrapent et passent du non-recours à un recours régulier. Les trajectoires des femmes en matière de recours aux différentes actions de prévention paraissent liées, avec une association forte entre le fait de ne pas recourir à la mammographie et le non-recours aux trois autres actions de prévention, soutenant l'idée d'un comportement global cohérent de recours ou non à la prévention. La poursuite de notre étude vise à mieux comprendre les facteurs individuels associés à une rupture dans le parcours de prévention (recours après une période de non-recours, ou arrêt de la prévention après une période de recours). Pour ce faire, nous mobilisons des facteurs individuels connus de la littérature (être en couple, avoir un IMC normal, ne pas fumer, vivre dans une ville favorisée, etc.), mais également le comportement de recours pour d'autres actions de prévention, passé ou concomitant. Identifier les facteurs favorisant une entrée dans un processus de recours à la prévention ou protégeant d'une sortie précoce permettrait de mieux cibler les politiques de prévention afin d'augmenter le niveau global de recours régulier à la prévention et donc son efficacité.


Réponse des Maisons et des Centres de santé à l'épidémie de Covid-19 en France : une étude des adaptations organisationnelles en situation de crise

Auteurs : Ray M. 1, Bourgueil Y. 2,3, Sicotte C. 1,4

1 Chaire Prospective en santé, EA 7348 Management des organisations de santé (Mos), École des hautes études en santé publique (EHESP), La Plaine Saint-Denis, France
2 Mission Respire, EHESP-Cnam-Irdes - EA 7348 Management des organisations de santé (Mos), École des hautes études en santé publique (EHESP), La Plaine Saint-Denis, France
3 Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), Paris, France
4 Département de gestion, d'évaluation et de politique de santé, École de santé publique, Université de Montréal, Canada

Mardi 16 mars 2021

L'enquête sur laquelle se base cette étude a été menée grâce à la collaboration des membres du comité ad hoc constitué pour l'élaborer et la piloter, que nous remercions : Alain Beaupin, Julien le Breton (Institut Jean-François Rey) ; Pascal Gendry, Edwige Genevois, Patrick Vuattoux, Hugo Tiffou (AVECsanté) ; Yann Bourgueil, Sylvain Gautier, Marine Ray, Clarissa Seixas (Mission Respire)

Introduction. Les Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) et les Centres de santé polyvalents (CDS) sont des modèles organisationnels reposant tous deux sur une offre de soins primaires pluriprofessionnelle intégrée, et partageant des missions propres aux soins primaires : offrir à la population qu'ils desservent des soins accessibles, continus et globaux. Ces organisations opèrent généralement dans des contextes complexes, mais relativement stables. La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a entrainé une modification drastique et rapide de leur environnement, et notamment des besoins de santé, de la demande de soins et des enjeux de santé publique, cela dans un contexte de grande incertitude et de ressources contraintes. Cette étude vise à décrire la réponse des MSP et CDS face à la crise du Covid-19, en mobilisant le concept d'adaptation organisationnelle, c'est-à-dire le changement opéré par une organisation dans l'objectif d'accroître la convergence avec son environnement. Nous explorons les liens entre les stratégies d'adaptation adoptées, les caractéristiques des organisations, et leur environnement, en discutant les résultats à la lumière de la littérature en théorie des organisations.

Méthode. Dans le cadre des travaux du projet de réseau Accord (Assembler, coordonner, comprendre, rechercher, débattre en soins primaires), AVECsanté (Avenir de l'exercice coordonné), l'Institut Jean-François Rey et la mission Respire se sont mobilisés pour mener des enquêtes auprès des maisons et des centres de santé lors du premier confinement. Les données de cette étude transversale ont été recueillies dans le cadre d'une enquête nationale menée du 4 au 17 mai 2020, soit la semaine précédant et la semaine suivant la fin du premier confinement en France, par questionnaire en ligne adressé aux coordonnateurs, directeurs et professionnels de santé des MSP et CDS par leurs fédérations. Des analyses descriptives ont permis de caractériser l'échantillon de structures et de décrire la distribution des adaptations organisationnelles mises en œuvre face à la crise. Nous avons ensuite mené une Analyse des correspondances multiples (ACM), suivie d'une Classification ascendante hiérarchique (CAH) des structures en fonction des adaptations organisationnelles mises en œuvre, élaborant ainsi une typologie empirique des stratégies d'adaptation des MSP et CDS à la crise. Enfin, nous avons comparé les groupes de structures obtenus en termes de caractéristiques organisationnelles et d'environnement, en mobilisant également des variables correspondant à d'autres items du questionnaire permettant d'améliorer la caractérisation de ces groupes de structures.

Résultats. L'analyse a porté sur les 340 structures incluses dans cette enquête (263 MSP, 77 CDS). Parmi les 13 adaptations organisationnelles identifiées, plus de 50 % des structures avaient mis en place 8 adaptations ou plus. Les adaptations les plus fréquentes étaient l'adaptation de l'accueil physique au sein de la structure pour les patients Covid, le triage téléphonique des patients en 2 filières (Covid /non Covid), la mise en œuvre d'une procédure pour le suivi des patients Covid, l'augmentation des coopérations avec des partenaires externes, le maintien ou l'augmentation des horaires d'ouverture et/ou de la capacité de gestion des appels, la création d'une cellule de crise, et le repérage des patients fragiles non Covid. L'ACM et la CAH ont permis de mettre en évidence des stratégies d'adaptation d'intensité variable et différenciées en fonction, notamment, des modalités d'accueil et de prise en charge des patients Covid.

Discussion. Les résultats marquants de cette étude sont le nombre élevé d'adaptations mises en œuvre par la majorité des maisons et centres de santé en réponse à la crise, et la diversité de leurs stratégies d'adaptation. La rapidité et le nombre d'adaptations mises en œuvre par ces organisations interpellent par leur décalage avec les constats récurrents dans la littérature, tant dans le champ de la recherche sur les services de santé que celui des théories des organisations, de la lenteur du changement organisationnel au sein d'organisations professionnelles dans le secteur de la santé. Nos résultats suggèrent par ailleurs des interactions complexes entre caractéristiques organisationnelles, environnement local et stratégie d'adaptation face à la crise. L'hétérogénéité de la population d'organisations étudiées et de leurs stratégies d'adaptations impose le recours à des méthodes mixtes pour aller plus loin dans l'étude des réponses de ces organisations à la crise, de leurs déterminants, et de leurs effets.


Prohibition of Balance Billing for CMU-C Beneficiaries in France: What Are the Consequences on Physicians' Behaviour and Earnings?

Auteurs : Dormont B.* et Gayet C.* (corresponding author)
*Dauphine Economics Laboratory. LEGOS. PSL, University of Paris Dauphine

Mardi 12 janvier 2021

CMU-C is a means-tested program that provides free supplementary health insurance to low-income people in France. It was introduced in January 2000. To ensure access to care of CMU-C beneficiaries, the CMUC law does not allow doctors to charge CMUC patients balance billing. This creates a financial constraint for the physicians who can charge balance billing ("sector 2" physicians). Similarly, dentists' rates are limited by ceiling prices when they receive CMUC patients.

Our purpose is to evaluate the impact of admitting CMU-C patients on the earnings of private physicians and dentists and on their rates. Does the admittance of CMU-C beneficiaries entail a significant drop in average physician and dentist consultation fee? Or are they able to neutralise the price limitation by increasing balance billing charged to other patients ("cost-shifting" hypothesis)? Or can they induce demand and increase their volume of activity to counterbalance the price restriction?

We use longitudinal data recording the activity, fees, earnings and information on the patients of self-employed doctors and dentists in years 2005, 2008, 2011 and 2014. These data are drawn from an exhaustive administrative source and include 59,818 general practitioners, 27,164 specialists and 35,534 dentists. Our empirical strategy consists in estimating the impact of a change in the proportion of CMU-C patients share on the fees, volume of activity and balance billing of sector 2 physicians (who are constrained on their fees for CMU-C patients only), taking as a counterfactual sector 1 physicians (who are never allowed to charge balance billing). Our specifications include physician fixed effects and we use an instrumental variable estimator to take the non-exogeneity of the variable "proportion of CMU-C patients" into account.

Our findings show that doctors do not compensate the loss of income due to the prohibition of balance billing with a cost-shifting (increase in balance billing for other patients), suggesting that they are constrained in their price setting by a situation of monopolistic competition. Otherwise, we find that admitting CMUC beneficiaries never imply a decrease in physicians and dentists earnings. This is mostly due to supply-induced demand behaviour: the provision of more procedures compensates price restrictions.