Les séminaires « Mardis de l'Irdes » présentent des travaux de recherche finalisés ou en cours.
Ils répondent à deux objectifs :
Les « Mardis de l'Irdes » se déroulent généralement un mardi à 11h00 à l'Irdes et sont ouverts aux personnes extérieures (chercheurs, administrations, professionnels de santé, etc.). La durée d'un séminaire est au maximum d'une heure et demie, soit jusqu'à 45 minutes d'exposé et 45 minutes de discussion.
Les séminaires de recherche de l'Irdes, qui constituent un outil de présentation, de discussion scientifique et de diffusion de travaux de recherche en cours de réalisation dans le domaine de l'économie de la santé, sont ouverts à l'ensemble de la communauté scientifique. Dans leur version historique, ils sont désormais intégrés aux « Mardis de l'Irdes ».
Auteurs : Lengagne P.
Discutantes : Hillion M. (Dares) et Le Clainche C. (Université Lille 2)
Jeudi 7 décembre 2017
(Séminaire de recherche)
Experience rating is a common tool set up in Workers' Compensation Insurance in different countries. According to that scheme, firms pay contributions that are modulated to reflect their own past experience in terms of workplace-related injuries. This should incentivize employers to invest more in prevention activities. Usually, in order to avoid putting significant financial stress on small firms, those firms are only partially experience-rated or assigned to a collective experience rating calculated at an aggregated sector level. Based on a quasi-natural experiment in France, this paper assesses the effect of the partial experience rating applied to small firms (i.e. firms composed of 20 to 49 employees in this study) on their workplace injury outcomes. We use a difference-indifference approach. Results show that the partial experience rating induces a decrease in the number of workplace injury per employee. We find that this effect is driven by a decrease in workplace injuries with 2 to 90 absence days. We do not find any effect of the partial ER on musculoskeletal disorder outcomes.
Auteurs : Bricard D., Penneau A., Or Z. (Irdes)
Discutante : Gramain A. (Université Lorraine)
Jeudi 7 décembre 2017
(Séminaire de recherche)
L'évaluation d'impact des politiques publiques mises en place dans le secteur de la santé connaît un intérêt grandissant des chercheurs et des décideurs publics. Dans les évaluations des expérimentations territoriales, de plus en plus répandues en France, l'évaluateur n'est pas seulement intéressé par l'estimation de l'impact global du dispositif qui serait attendu d'une généralisation, mais souvent aussi par la compréhension de l'hétérogénéité possible dans l'effet du traitement selon les différents contextes territoriaux.
Dans cet article, nous présentons la méthode du contrôle synthétique comme un moyen d'évaluer l'impact des politiques au niveau territorial et vérifions sa robustesse en prenant l'exemple des expérimentations menées sur le parcours de santé des personnes âgées, dite « Paerpa » (Parcours santé des aînés). Nous confrontons cette méthode aux méthodes plus classiques d'estimation d'impact et de choix de territoires témoins en vérifiant leurs hypothèses. Nous proposons une spécification originale du contrôle synthétique à partir d'une lecture critique des derniers développements de la littérature sur les différentes approches possibles. Dans notre évaluation, nous mettrons l'accent à la fois sur l'évaluation globale de Paerpa au niveau national pour estimer un effet moyen dans le cas d'une généralisation, et sur l'évaluation de l'impact par territoire.
Les analyses exploratoires par régression permettent de mettre en évidence un biais de sélection en lien avec certains indicateurs de résultats pour l'ensemble des territoires Paerpa et de façon encore plus marquée territoire par territoire. Ces analyses justifient l'utilisation de la méthode du contrôle synthétique afin de faire varier la composition des témoins selon le territoire et l'indicateur de résultat. Les tests de robustesse sur les tendances avant Paerpa (2010-2013) et le test placebo en 2014 confirment la robustesse du contrôle synthétique et de sa spécification.
Nos analyses montrent aussi que la méthode du contrôle synthétique peut fournir des clés de compréhension utiles dans les analyses territoriales. Elle fournit un moyen systématique pour choisir les unités de contrôle, donne la possibilité d'explorer de façon approfondie les résultats par territoire et d'être transparent dans le choix des territoires témoins.
Shmueli A. (The Hebrew University), Politzer E. (The Bank of Israel), Avni S. (The Ministry of Health)
Mardi 5 décembre 2017
Many complex factors influence the formation of health inequality. One of them - low socioeconomic status - that includes low income, poor education, transient and poor-quality employment, and social exclusion - correlates with excess morbidity and premature mortality. Apart from its human and moral price, health inequality claims a steep economic cost: Poor health outcomes impair the domestic product, harm societal welfare, and boost healthcare expenditure. In this study, we describe the economic costs of health inequalities associated with socioeconomic status in Israel, using surveys by the Israel Central Bureau of Statistics and hospitalizations data from the Israel Ministry of Health. The monetary cost of health inequalities is estimated relative to a counterfactual of equal outcome, in which the situation of the submedian group improves to the average level of the above-median group. In 2014 terms, welfare lost due to higher mortality rates in socioeconomically weak localities is estimated at 4–11 billion Israeli Sheqalim (ILS), or about 1-3 billion USD. Excess morbidity among low-income and poorly educated workers, inducing excess absenteeism and joblessness occasioned by illness, is associated with ILS 5 billion in lost product per year (1.25 billion USD). The study estimates the total cost of these disparities at 0.8–1.7 percent of Israel’s GDP. These estimates underline – in economic terms – the social impact of SES-related health disparities in Israel. Pending on its evaluation in terms of costs and benefits, the 2010 initiative of the MOH should be enhanced and targeted toward the "weak" groups in the Israeli society.
Gosselin A. (Centre Population et développement (Ceped), Université Paris Descartes – IRD, ERL Inserm 1244), Desgrées du Loû A. (Ceped, IRD) et Lelièvre E. (Ined) pour le groupe Parcours
Mardi 21 novembre 2017
Contexte. La population immigrée d'Afrique subsaharienne est particulièrement touchée par le VIH en France puisqu'elle représentait 31 % des nouveaux diagnostics en 2013 (Cazein et al., 2015). Or le VIH est une maladie qui peut avoir des répercussions sociales importantes, par exemple sur la sphère professionnelle lorsqu'il y a dégradation de l'état de santé. L'objectif de cette présentation est de mesurer l'impact d'un diagnostic de VIH/sida sur les trajectoires d'activité des immigrés d'Afrique subsaharienne vivant en Ile-de-France.
Méthodes. Les analyses reposent sur les données de l'enquête biographique Parcours, menée en 2012-2013 auprès de 926 immigrés subsahariens atteints de VIH/sida en Ile-de-France. L'analyse de séquences (Optimal Matching) est utilisée pour décrire et quantifier les trajectoires impactées par la maladie. Ensuite, des modèles logistiques en temps discret permettent de mesurer l'impact du diagnostic sur la perte d'emploi, en prenant en compte d'autres dimensions de la vie, et en particulier, dans ces vies marquées par un parcours migratoire, l'impact de la migration.
Résultats. La migration a un impact majeur sur la perte d'activité (ORa année de la migration et suivante : 8.02 [3.55,18.11] et 8.73[5.09,14.99] chez les hommes et les femmes respectivement), et non le diagnostic du VIH (ORa année du diagnostic et suivante : 1.20 [0.49,2.91]) 0.78 [0.36,1.69] chez les hommes et les femmes respectivement). Chez les femmes, la période après 2004 est également associée à une probabilité plus élevée de perte d'activité.
Carré B., Perronnin M., Pichetti S., Sermet C. (Irdes)
Mardi 14 novembre 2017
Contexte. Les facteurs associés à une forte consommation de médicaments sont à la fois démographiques (vieillissement), médicaux (maladies chroniques et co-morbidités), et socio-économiques (pauvreté, faible niveau d'études). L'objectif de cette étude est de déterminer l'impact quantitatif des événements de soins sur les trajectoires de consommation des patients.
Méthode. La cohorte, extraite de l'Echantillon généraliste des bénéficiaires (EGB), est composée d'individus âgés de 50 ans ou plus suivis entre 2011 et 2014. La consommation de médicaments est évaluée par trimestre, en nombre de molécules, sur le même périmètre que l'enveloppe de ville. Les données sont analysées avec un modèle pour données de panel. L'appartenance au régime des Affections de longue durée (ALD) permet d'étudier la différence d'impact des événements de soins entre les malades chroniques et les assurés de droit commun.
Résultats. Ce travail permet de hiérarchiser l'impact des événements de soins et de mettre en évidence le généraliste, l'hospitalisation en médecine et le passage aux urgences comme les plus importants facteurs de prescription. Le statut ALD est associé à une consommation de médicaments globalement plus élevée mais réduit l'intensité des prescriptions à chaque visite chez le généraliste. L'entrée dans le statut ALD implique une consommation de médicaments croissante sur plusieurs trimestres (entre 3 et 5) avant stabilisation.
Discussion. Les événements de soins déclenchent la prescription mais le niveau de consommation de médicaments est supposé dû à une dégradation de l'état de santé antérieur à l'événement de soins. Dans ce sens, il apparaît normal que le statut ALD modifie le régime de prescription auquel sont soumis les patients. Le médecin généraliste a un rôle central dans le parcours de soins des patients et nos résultats le placent parmi les événements de soins les plus pourvoyeurs de prescriptions. Toute politique visant à influer sur la prescription médicamenteuse se doit donc de le considérer comme un acteur majeur.
Gand S. (Sciences Po Grenoble, CERAG CNRS/Université Grenoble Alpes), Periac E. (Audencia Business School), Bloch M.-A. (École des hautes études en santé publique), Henaut L. (SciencesPo/CNRS)
Mardi 17 octobre 2017
Les personnes âgées de 75 ans et plus représentent en France une personne sur dix, et 85 % d'entre elles ont au moins une pathologie. Ainsi, les parcours de santé pilotes Paerpa, expérimentés dès 2013, ont pour objectif que les personnes âgées reçoivent les bons soins, par les bons professionnels, dans les bonnes structures, au bon moment, le tout au meilleur coût.
L'évaluation de l'expérimentation Paerpa repose, en plus d'un suivi d'indicateurs, sur deux démarches complémentaires : une évaluation qualitative et une évaluation d'impact. Portée par l'équipe des chercheurs de Mines Paris Tech-EHESP-CNRS, l'évaluation qualitative s'est appuyée sur des diagnostics territoriaux et des entretiens pour analyser les facteurs clefs de succès, voire d'échec, des dispositifs Paerpa.
Le travail d'évaluation qualitative met en évidence l'engagement de dynamiques territoriales positives (perspectives d'évolutions importantes à travers une approche parcours, décloisonnement des différentes parties prenantes), certaines réalisations produisant des effets encourageants (soutien apporté aux professionnels de santé libéraux par la Coordination territoriale d'appui (CTA), découverte de pratiques professionnelles auparavant ignorées, intérêt manifeste pour les dispositifs transitoires entre hôpital et Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou entre hôpital et domicile, etc.).
Buchmueller T.C. (Ross School of Business, University of Michigan and NBER) et Goldzahl L. (PSL, Université Paris-Dauphine)
Mardi 26 septembre 2017
En France, le programme national de dépistage organisé du cancer du sein, mis en place en 2004, a remplacé des programmes locaux préexistant dans certains départements. En utilisant les données de plusieurs vagues de l'Enquête santé et protection sociale (ESPS) qui est une enquête nationale en population générale, nous estimons l'effet du dépistage organisé sur le pourcentage de femmes ayant obtenu une mammographie. Notre analyse en différence-de-différence exploite le fait que le programme cible les femmes âgées de 50 à 74 ans. Nous montrons que le dépistage organisé a augmenté significativement le taux de recours à la mammographie chez les femmes ciblées par le programme. Le pourcentage de femmes ayant recouru à la mammographie pendant les deux années précédentes a augmenté d'au moins 10 points de pourcentage depuis la mise en place du programme de dépistage national. Le taux de recours à la mammographie a particulièrement augmenté chez les femmes de 60 à 70 ans. L'effet du dépistage organisé est plus important pour les femmes ayant un faible niveau d'éducation et de revenu, ce qui suggère que le programme de dépistage français a réduit les inégalités sociales de recours à la mammographie.
Léandre C. (Irdes)
Mardi 12 septembre 2017
Introduction : Le but de l'étude était de repérer les facteurs de risque (FDR) des patients adultes hospitalisés en court séjour (Médecine, Chirurgie, Obstétrique-MCO) pour un premier épisode d'AVC constitué et d'analyser les différences entre ceux ayant séjourné en réanimation et les autres.
Méthode : Les victimes d'un primo-épisode d'AVC en 2012 étaient repérées dans une extraction du Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (Sniiram) à partir du diagnostic principal Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) en MCO et en l'absence d'hospitalisation en MCO pour AVC ou accident ischémique transitoire (AIT) les 24 mois glissants antérieurs (J-1 à M-24). Les patients âgés de moins de 18 ans ont été exclus. Les facteurs de risque étaient repérés par des algorithmes d'identification : personnes qui, au cours de J-1 à M-24, ont reçu à différentes dates des traitements spécifiques du FDR, et/ou étaient en Affection de longue durée (ALD) spécifique du FDR, et/ou étaient hospitalisées en MCO avec codes CIM-10 spécifiques du FDR en DP, DR ou DAS. Une régression logistique du passage en réanimation (variable dépendante) était réalisée.
Résultats : 98 853 patients ont présenté un primo-épisode d'AVC constitué en 2012 : 67 % d'AVC ischémiques, 20 % d'AVC hémorragiques, 5 % d'hémorragie sous-arachnoïdienne (HSA) et 7 % d'AVC de type non précisé. 7,6 % ont fait un passage en réanimation. Les FDR concernaient : hypertension artérielle 51 % des patients, dyslipidémie 37 %, diabète 20 %, dépression 20 %, fibrillation auriculaire 16 %, insuffisance rénale chronique (stade modéré à terminal) 13 %, tabagisme 12 %, obésité 3,6 %, alcoolisme 3,1 %. Les patients qui étaient le plus à risque d'avoir fait un passage en réanimation étaient ceux ayant fait un AVC hémorragique (OR : 3,5 ; p < 0,001), une HSA (OR : 11 ; p < 0,001) et ceux présentant au moins deux maladies engageant le pronostic vital (OR : 75 ; p < 0,001). Conclusion : Le Sniiram permet d'analyser les FDR de l'AVC, même si certains ne peuvent qu'être approchés. Le passage en réanimation est principalement conditionné par l'état de santé aigu.
Mousquès J. (Irdes), Gilles de La Londe J. (Département de MG, Université Paris 7)
Introduction : Le modèle économique actuel de l'expérimentation Asalée repose notamment sur l'hypothèse d'un nouvel équilibre (de type substitutif) des activités des médecins généralistes (MG) et infirmières s'appuyant sur le transfert de certaines tâches, censées être réalisées par les MG, aux infirmières dans la perspective d'un autofinancement du dispositif via le différentiel de rémunération. Les résultats des travaux quantitatifs et qualitatifs menés par l'Irdes conduisent à privilégier plutôt l'hypothèse alternative de la complémentarité. Les infirmières développent de nouvelles activités grâce à de nouvelles compétences et à l'autonomie qui leur sont données : prévention, éducation thérapeutique, promotion de la santé. La pérennisation du financement du dispositif nécessite de faire la preuve de son efficience, notamment en termes de qualité de ces nouveaux services rendus. Les gains de productivité constatés par l'étude quantitative ne permettent effectivement pas d'augurer d'une capacité suffisante d'autofinancement. Nous avons donc cherché à mesurer l'impact du dispositif Asalée sur la qualité du suivi des patients diabétiques de type 2 en faisant l'hypothèse de son amélioration.
Méthode : Des données de panel exhaustives du Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (Sniiram) sur la période 2010-2015 ont permis de comparer 2 groupes : les 13 797 patients-cas dont les MG sont entrés dans le dispositif Asalée pendant la période considérée et les 33 969 patients-témoins dont les MG n'y étaient pas entrés. Un modèle en double différences avec construction de divers modèles (populationnel, aléatoire, fixe) a permis d'analyser différentes dimensions de la qualité.
Résultats : Les résultats laissent penser que les patients Asalée sont mieux suivis sur la base des indicateurs biologiques principaux ainsi que sur les actes recommandés (fond d'œil, électrocardiogramme, vaccination anti-grippale) et que l'entrée des MG dans Asalée a un impact important et croissant avec le temps.
Conclusion : La discussion portera sur l'apport des différents modèles économétriques dans la compréhension de l'impact du dispositif, notamment sur la mesure de la qualité. Comment définir des soins « de qualité », quels indicateurs recueillir, quels points de vue adopter (patients versus médecins versus régulateur) ?
Lescher M. (LIRAES, Université Paris Descartes, Irdes), Sirven N. (LIRAES, Université Paris Descartes, Irdes)
Mardi 27 juin 2017
La littérature internationale indique qu'il existe une relation positive entre la satisfaction subjective des patients à l'hôpital et diverses mesures de qualité du processus clinique. En France, les travaux de recherche sur le sujet sont rares, bien que la publication de plusieurs indicateurs de qualité et de sécurité des soins hospitaliers ait été rendue obligatoire en 2010. Nous avons collecté cette information publiquement disponible afin de développer une base de données unique présentant les mesures de qualité des établissements de santé, et ce pour 2 284 hôpitaux. Nous étudions le lien entre l'expérience des patients face aux soins hospitaliers et cinq mesures de qualité et de sécurité des soins (certification globale de l'établissement, score de lutte contre les infections nosocomiales, évaluation de la douleur, tenue du dossier patient et lien entre les soins de ville et l'hôpital). Nous utilisons le modèle de sélection d'Heckman afin de tenir compte des hôpitaux pour lesquels la satisfaction des patients n'a pas été évaluée et contrôlons ce modèle à l'aide de variables portant sur les caractéristiques de l'hôpital (activité totale, équipement, statut juridique, spécialités, etc.). Nous trouvons une corrélation positive entre chaque dimension de la qualité technique des soins étudiée et la satisfaction des patients. Lorsque ces dimensions sont évaluées simultanément, la corrélation est supérieure pour les indicateurs de certification globale de l'établissement et pour l'évaluation de la douleur, qui sont des mesures directement appréciables par les patients. Nos résultats viennent conforter la littérature antérieure et entérinent la satisfaction du patient en tant que l'un des piliers de la qualité des soins.
Espagnacq M. (Irdes), Lefort M. (CHU de Nantes, EHESP), Ravaud J.-F. (Inserm, IFRH)
Mardi 13 juin 2017
L'escarre du blessé de la moelle épinière constitue une conséquence secondaire fréquente et sévère sur un plan médical et social. L'objectif de ce travail est d'identifier les facteurs de risque - cliniques, individuels ou sociaux - à long terme de développement d'escarres chez des personnes tétraplégiques post-traumatiques (TSCIt). Cette analyse a été réalisée à partir de la cohorte « Tétrafigap », initiée en 1995 et réinterrogée en 2006, composée de 1 641 blessés médullaires tétraplégiques. La proportion d'escarres a été étudiée à divers moments du parcours de soins des TSCIt et rattachée aux situations médicales et sociales. Cette étude à long terme montre que près des trois quarts des TSCIt ont développé une escarre à au moins une période de leur histoire post-traumatique. Quatre facteurs ont un effet significatif sur la présence d'escarres au long cours. Deux ont un effet protecteur, l'atteinte motrice incomplète et la marche. Inversement, le développement d'une escarre à la phase post-traumatique initiale et un réseau social faible augmentent le risque d'escarres, y compris à long terme.
Auteurs : Fournier C. en collaboration avec Bourgeois I. et Naiditch M.
Discutants : Benamouzig D. et Lombrail P.
Mardi 30 mai 2017
(Séminaire de recherche)
Auteurs : Mousquès J., Franc C., Loussouarn C., Afrite A.
Discutante : Couffinhal A.
Mardi 30 mai 2017
(Séminaire de recherche)
Béland F. (Université de Montréal)
Mardi 16 mai 2017
On pourrait penser qu'à l'ère des soins centrés sur le patient, chacun se verrait assigner sa propre trajectoire de soins. Il y aurait donc autant de trajectoires que de patients. Cette variabilité extrême doit être confrontée à la réalité des pratiques en milieux cliniques. Au-delà des variations individuelles des soins, est-il possible de regrouper des parcours de soins qui possèdent suffisamment de caractères en commun pour se présenter comme trajectoires de soins ? Les parcours de soins de 394 patientes traitées pour un cancer de l'endomètre à l'Hôpital général juif de Montréal ont été documentés à partir de fichiers administratifs et cliniques. 21 procédures médicales, chirurgicales, ambulatoires et hospitalières ont été observées pendant un épisode complet de traitement pour chacune des patientes. En utilisant l'analyse des classes latentes, six trajectoires ont été identifiées. Certaines étaient attendues, mais d'autres ont été associées à une utilisation des urgences et de l'hospitalisation sans que l'on puisse les attribuer à l'âge, au stade ou au grade du cancer. Cette description de trajectoires, possiblement associées aux coûts et à la qualité des soins, suggère qu'elles pourraient être utiles pour une gestion des soins fondée sur des parcours réels de patients.
Bricard D. (Irdes), Com-Ruelle L. (Irdes), Nestrigue C. (Irdes)
Mardi 25 avril 2017
Introduction : En 2010, un Plan d'actions national « Accidents vasculaires cérébraux 2010-2014 » a été lancé afin de mettre en œuvre des filières de prise en charge et des systèmes d'information de manière à assurer, entre autres, la disponibilité d'une offre de soins adaptée. Dans ce contexte, notre étude s'intéresse à la fluidité des parcours de soins des patients et, notamment, aux déterminants de la durée du primo-épisode en court séjour hospitalier, i.e. dans le champ de la Médecine-chirurgie-obstétrique (MCO).
Matériel et méthodes : Une cohorte exhaustive de patients victimes d'un primo-AVC survenu en 2012 (sans hospitalisation pour AVC au cours des 24 mois précédents) est constituée à partir des données individuelles du Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (Sniiram) dont le Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI MCO). Le modèle économétrique choisi pour analyser la durée de séjour est un modèle de durée log-linéaire multiniveau. Le modèle comprend des variables explicatives au niveau individuel (données démographiques, cliniques, éléments du parcours de soins) et au niveau départemental (caractéristiques de l'offre de soins.
Résultats : Outre l'effet de la gravité clinique, l'analyse révèle le rôle clé de l'offre de soins et notamment de l'offre d'aval dans la réduction de la durée de séjour. L'offre de soins en lits de Soins de suite et de réadaptation (SSR) spécialisés dans la prise en charge de l'AVC joue un rôle significatif dans la réduction de la durée, contrairement aux structures de SSR sans lits spécialisés. Cet effet est davantage lié à la présence de cette offre plutôt qu'à sa densité en nombre de lits. La densité de kinésithérapeutes est également associée à une durée plus courte du primo-épisode hospitalier MCO pour AVC. Cet effet est gradué avec une durée d'autant plus courte que l'offre est importante.
Auteurs : Grignon M. (McMaster University Hamilton, Ontario, Canada)
Discutante : Or Z. (Irdes)
Mardi 17 mars 2017
(Séminaire de recherche)
A social gradient in the survival period following a cancer diagnosis has long been observed, even in countries with universal publicly funded access to health care services. However, the evidence is based mostly on neighbourhood or area rather than on individual level observations; moreover, it is quite dated or refers to specific cancer sites. Our estimates are based on an extraordinary Canadian database in which records from 20 percent of respondents in the 1991 Census of Population are linked to 326,000 longitudinal records of ever-diagnosed individuals from the Canadian Cancer Registry; mortality is tracked to the end of 2010.
We estimate Cox proportional hazard regression models to assess the effects of SES on survival after diagnosis, while controlling for a variety of other factors.
We find that survival rates after diagnosis vary with SES: in the lowest educational category, these rates are 15 percent below those in the highest; in the lowest income quintile, they are 17 percent below those in the highest.
The study provides strong evidence that cancer survival is associated with SES: those with higher levels of education and income live longer even after accounting for age, sex, occupation, immigrant status and ethnic origin, region of residence, marital status, tumor site, and cancer stage at the time of diagnosis. The other factors that might explain some of the differences - but which we were unable to take into account - could be lifestyle differences, including smoking, exercise and nutritional practices, as well as treatment differences.
Sirven N. (Liraes, Irdes)
Mardi 21 février 2017
Depuis 2011, les principaux régimes de protection sociale s'accordent pour déployer une action sociale coordonnée autour des dispositifs de prévention des risques liés au vieillissement. Celle-ci s'articule notamment autour d'actions individuelles à destination des plus fragiles, à partir d'une évaluation globale des besoins à domicile et la définition de plans d'aide personnalisés. L'offre de services pour les personnes âgées existe déjà ; dans la plupart des cas, elle est le résultat d'un savoir-faire constitué au fil du temps de développements de l'aide apportée par les régimes de retraite à leurs cotisants et ayants-droits. Une question essentielle réside donc dans l'identification du risque individuel de perte d'autonomie. Les régimes de protection sociale développent depuis quelques années des méthodologies de repérage des risques individuels, à partir des données disponibles dans leurs fichiers de gestion, empruntant toutes le vocable de « fragilité », quitte à élargir ce concept d'origine gériatrique en lui ajoutant une dimension sociale. En prenant l'exemple du projet PARI (Programme d'action pour une retraite indépendante) du Régime social des indépendants (RSI), ce travail propose une évaluation de l'efficacité du ciblage individuel à partir des données d'un régime de protection sociale.