RÉSUMÉ
Le financement et l'accès aux aides auditives sont comparés dans quatre pays européens. En France et en Belgique, l'achat est principalement privé tandis qu'en Suède et en Angleterre, le secteur public assure un achat centralisé par un système d'appel d'offre avec une distribution gratuite ou quasi gratuite aux usagers. La réforme du 100 % santé en audiologie offre en France un large éventail de prothèses auditives accessible sans reste à charge grâce aux financements de l'assurance publique et complémentaire, et à l'existence d'un prix limite de vente. En Suède, toutes les gammes sont mises à disposition dans le système public et les restes à charge sont nuls ou très faibles, mais cette solvabilisation se fait au prix d'une offre réduite et de phénomènes de files d'attente. En Angleterre, le National Health Service (NHS) permet l'accès gratuit à une offre limitée, à un coût relativement faible pour le NHS, sans prise en charge publique complémentaire sur le marché privé. La Belgique a fait le choix d'une solvabilisation équivalente à la France mais en s'appuyant exclusivement sur l'assurance publique. Ce système sans régulation de prix, avec un montant élevé de prise en charge, semble provoquer une situation inflationniste des prix de vente qui occasionne des restes à charge plus conséquents que ceux observés en France.
Depuis la réforme, qui a permis une amélioration significative de l'accès aux aides auditives, la France se situe favorablement par rapport aux autres pays étudiés. Plusieurs enjeux pour l'avenir sont identifiés : éviter que la « gratuité » pour l'usager n'induise des pratiques commerciales coûteuses pour la collectivité, gérer le panier de soins des aides disponibles sans reste à charge pour intégrer le progrès technique, et veiller à ce que les primes d'assurance complémentaire des personnes âgées restent accessibles financièrement.