Toutes les éditions de l'Irdes suivent un processus de validation. Elles sont relues par des chercheurs et des spécialistes des sujets traités (institutionnels et acteurs de terrain). Présentées lors de séminaires et colloques de recherche fran�ais et internationaux, elles sont discutées pour être enrichies.
Les Questions d'économie de la santé font l'objet d'une présentation systématique lors du séminaire interne pouvant réunir tous ces acteurs : les � Mardis de l'Irdes �.
Moins de soins de prévention, de recours aux spécialistes et plus d'hospitalisations évitables chez les personnes suivies pour un trouble psychique sévère.
Gandré C. (Irdes), Coldefy M.
Les individus suivis pour des troubles psychiques font face à une mortalité prématurée, quelle que soit la cause de décès. Ce phénomène, marqueur d'inégalité de santé, questionne le suivi et l'accès aux soins somatiques des personnes vivant avec un trouble psychique sévère. Les données du Système national des données de santé (SNDS) permettent de caractériser leur recours aux soins courants à l'échelle nationale en comparaison aux principaux bénéficiaires de l'Assurance maladie. Leur exploitation démontre un moindre recours aux soins de prévention et aux soins de spécialistes courants chez les individus suivis pour un trouble psychique sévère, malgré une prévalence plus élevée des principales pathologies chroniques qu'en population générale, et une fréquence plus importante des hospitalisations évitables, malgré des contacts plus fréquents en médecine générale. Ces résultats soulignent les difficultés du système de santé à répondre de manière satisfaisante aux besoins spécifiques des personnes vivant avec un trouble psychique et soutiennent le développement de mesures dédiées pour améliorer l'accès et la prise en charge somatique de cette population aux multiples vulnérabilités.
Less Preventive Healthcare, Fewer Specialist Consultations, and More Avoidable Hospitalisations for Individuals Treated for a Severe Mental Disorder
Gandré C. (IRDES), Coldefy M. (IRDES)
Individuals treated for mental disorders suffer premature death, whatever the cause of death. This phenomenon, a health inequality marker, raises questions about the treatment and access to somatic care for individuals living with a severe mental disorder. Quantitative analysis made through the National Health Data System (Système National des Données de Santé, SNDS) makes it possible to characterise their use of general somatic care on a national scale in comparison with the main beneficiaries of the French health insurance system. This data points to a lesser use of preventive healthcare and standard specialist healthcare amongst individuals treated for a severe mental disorder, despite a greater prevalence of most of the main chronic disorders, and a greater frequency of avoidable hospitalisations, despite more frequent consultations with general practitioners (GPs). These results underline the difficulties faced by the healthcare system in satisfactorily meeting the specific needs of people living with a mental disorder and confirm the need to develop measures aimed at improving healthcare access and somatic care for this population with its multiple vulnerability factors.
Les inégalités face au risque de détresse psychologique pendant le confinement.
Premiers résultats de l'enquête COCLICO du 3 au 14 avril 2020.
Gandré C. (Irdes), Coldefy M. (Irdes), en collaboration avec Rochereau T. (Irdes)
La France fait face à une crise sanitaire sans précédent, liée à l'épidémie de Covid-19, qui a conduit à la mise en place d'un confinement obligatoire à domicile pour toute la population.
Or, cette mesure n'est pas sans impact potentiel sur la santé, en particulier la santé mentale. Cette étude a pour objectif de déterminer l'ampleur de la survenue de détresse psychologique dans la population française au cours des premières phases du confinement, et d'en identifier les facteurs associés afin de repérer des populations vulnérables nécessitant un
soutien. Une première vague d'enquête internet a été diffusée entre le 3 et le 14 avril 2020 en mobilisant un échantillon de personnes de 18 ans ou plus, représentatives de la population française vivant en ménage ordinaire en France métropolitaine. La survenue d'une détresse psychologique est observée chez un tiers des répondants. Si le fait d'être exposé au virus en constitue un facteur de risque, les conditions et conséquences du confinement semblent jouer le rôle le plus marqué. Certains segments de la population particulièrement à risque ont été identifiés, notamment les femmes, les personnes vivant avec une maladie chronique, celles bénéficiant d'un faible soutien social, celles confinées dans des logements sur-occupés et celles dont la situation financière s'est dégradée. Ces résultats encouragent le développement d'actions ciblées à destination de ces populations, que ce soit pour favoriser leur accès aux soins de santé mentale ou pour modérer l'impact social et économique de nouvelles mesures de confinement si elles devaient être reproduites.
Inequalities in the Risk of Onset of Psychological Distress During the Lockdown Linked to the Covid-19 Outbreak.
First Results of the COCLICO Survey Conducted between 3 and 14 April 2020.
Gandré C. (Irdes), Coldefy M. (Irdes), in collaboration with Rochereau T. (Irdes)
France is undergoing an unprecedented health crisis, linked to the Covid-19 epidemic, which led to a lockdown for the entire population. Yet, this measure has certainly had an impact on people's health, and in particular their mental health. The aim of this study is to determine the extent of psychological distress experienced by the French population during the initial phases of the lockdown, and to pinpoint the associated factors in order to identify vulnerable populations that require support. A first Internet survey was conducted between 3 and 14 April 2020, aimed at a sample of persons aged 18 or over, representative of the French population living in a standard household in mainland France. Psychological distress was observed in one third of the respondents. Although exposure to the virus was a risk factor, the conditions and consequences of the lockdown seem to have had the greatest impact. Some categories of the population most at risk were identified, in particular women, persons living with a chronic disorder, those with poor social support, those confined in over-crowded housing, and those whose financial situation had worsened. These results support the development of targeted measures to help these populations, whether to facilitate their access to mental healthcare or to attenuate the social and economic impacts of further lockdown measures if they were to become a necessity once again.
Décloisonner les prises en charge entre médecine spécialisée et soins primaires : expériences dans cinq pays
Michel L.,
Or Z. (Irdes)
Le vieillissement de la population, qui engendre une augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies chroniques, oblige les systèmes de santé à repenser leur organisation. Répondre aux besoins des patients rend nécessaire une meilleure coordination de leurs prises en charge au confluent des soins primaires, de la médecine spécialisée et du médico-social. En France, depuis une quinzaine d'années, les soins primaires se réorganisent à travers, notamment, le développement des maisons de santé pluridisciplinaires. Mais les médecins spécialistes sont rarement engagés dans ces organisations. L'hyperspécialisation, qui risque de produire une fragmentation de l'offre de soins de plus en plus importante, et les difficultés d'accès aux soins de spécialistes interrogent sur les modes d'organisation de la médecine spécialisée.
A partir de huit études de cas observés dans cinq pays, nous proposons ici une analyse de nouveaux modèles d'organisation de la médecine spécialisée. Nous décrivons les démarches et outils mobilisés afin de mieux prendre en compte les besoins des patients et de décloisonner les prises en charge. Nous questionnons ensuite la manière dont ces démarches viennent bousculer tant les rôles des spécialistes que ceux des autres professionnels de santé concernés. Nous montrons aussi en quoi les modes de financement changent pour s'adapter aux nouveaux besoins.
Les maisons de santé
attirent-elles les jeunes médecins généralistes dans les
zones sous-dotées en offre de soins ?
Chevillard G.,
Mousquès J. (Irdes)
L'accessibilité géographique aux médecins généralistes diminue
et les inégalités territoriales s'aggravent. Les territoires
o� l'accessibilité diminue le plus sont aussi les plus
éloignés des pôles d'emplois, des équipements et des services.
L'implantation des médecins généralistes s'inscrit donc dans
une problématique territoriale plus générale. Elle est aussi,
compte tenu de l'importance des questions de santé pour la
population, un élément clé de la politique d'aménagement du
territoire. Dans ce contexte, cette étude mesure l'impact des
maisons de santé pluriprofessionnelles sur l'évolution de la
densité des médecins généralistes en distinguant les effets
selon les territoires et les catégories d'âge des médecins.
Dans les territoires avec une faible accessibilité aux soins,
l'ouverture de maisons de santé favorise-t-elle l'installation
et le maintien de nouveaux médecins généralistes ? Permet-elle
la consolidation et le maintien d'une offre de médecins ?
Comment enrichir la
mesure des inégalités spatiales d'accessibilité aux médecins
généralistes ? Illustration en Ile-de-France.
Lucas-Gabrielli
V. (Irdes), Mangeney
C. (ORS Ile-de-France)
La recherche sur les inégalités spatiales d'accessibilité aux
soins primaires, en s'appuyant sur des indicateurs de type �
densité flottante �, a permis de dépasser les limites des
indicateurs classiques de densité et de distance.
L'Accessibilité potentielle localisée (APL) � qui tient compte
des distances entre communes en voiture, de la disponibilité
de l'offre et de la structure d'âge de la population � est une
adaptation de ce type de méthode au contexte fran�ais qui
permet de reconsidérer les constats préalablement établis.
Pour améliorer encore la mesure, l'indicateur est affiné de
plusieurs manières dans cette étude méthodologique : en
réduisant l'échelle géographique d'observation, de la commune
à la maille de 200 mètres, en prenant en compte la dimension
sociale des besoins et les pratiques de mobilité différenciées
(voiture, transports en commun...), en considérant l'effet
systémique des interactions entre l'offre et la demande de
soins à l'échelle régionale. Cet effet permet de tenir compte
du fait que la probabilité de recourir à une offre éloignée
est d'autant plus faible que les patients disposent d'une
offre à proximité. Cette dernière proposition est celle qui
modifie le plus la mesure en lissant la représentation
spatiale des niveaux d'accessibilité. Le changement d'échelle
géographique met en exergue des situations parfois très
contrastées entre quartiers d'une même commune. La prise en
compte de la dimension sociale dans les besoins de soins et la
diversification des moyens de transport et de ses usages selon
le type d'espaces impactent plus localement les résultats.
Cependant, pour certains territoires urbains défavorisés
socialement, la prise en compte de ces nouvelles dimensions
permet de mieux souligner des difficultés locales
d'accessibilité aux médecins généralistes.
How can the Methods
for Measuring the Spatial Inequalities of Access to General
Practitioners be Improved? Illustration in Ile-de-France
Lucas-Gabrielli
V. (Irdes), Mangeney
C. (ORS Ile-de-France)
Research on the spatial inequalities of access to primary
healthcare, based on "floating density" type indicators, has
made it possible to transcend the limits of the traditional
indicators of density and distance. Local potential
accessibility (LPA) -which takes into account the distances
between municipalities by car, the availability of care, and
the age structure of the population- is an adaptation of this
type of method to the French context, which means that
pre-established conclusions can be reconsidered. To further
improve the measurement, the indicator has been refined in
various ways in this methodological study: by narrowing down
the geographical observation scale -from the level of the
municipality to a 200 x 200m grid-, by taking into account the
social dimension of healthcare needs and differentiated
mobility practices (car, public transport, etc.), and by
including the systemic effect of the interactions between
healthcare supply and demand on the regional level. This
effect takes into account the fact that the probability of
resorting to distant healthcare services is much lower when
patients have access to local care. The latter proposition is
the one that has the greatest effect on the measurement by
adjusting the spatial representation of the levels of
accessibility. The change in geographical scale has
highlighted situations that are sometimes very contrasting
between the different districts in the same municipality. The
inclusion of the social dimension in healthcare needs and the
diversification of the means of transport and how it is used
according to the types of areas have a more local impact on
the results. However, for certain socially disadvantaged urban
areas, the inclusion of these new dimensions highlights the
local difficulties of accessibility to general practitioners.