« MARDIS DE L'IRDES » À VENIR

S'installer et durer ? Pratiques et parcours de soignants en exercice coordonné rural

Mardi 9 décembre 2025

11h00

Auteurs : Didier P., anthropologue de la santé, Laboratoire Aménagement Economie et Transports (LAET), ENTPE, Université Lyon 2, CNRS / Université Claude Bernard Lyon 1 et Pochet P., chargé de recherche en aménagement, Laboratoire Aménagement Economie Transports (LAET), ENTPE, Université Lyon 2, CNRS.
Discutante : Morize N., chargée de recherche (Irdes)

L'exercice coordonné, pratiqué dans des structures telles que les Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), s'impose progressivement comme un modèle de réorganisation du soin de premier recours. Le projet Santé-Ruralité (en cours, financement de la Mutualité sociale agricole (MSA)) explore l'émergence et l'organisation de ce mode d'exercice en milieu rural à partir d'enquêtes qualitatives anthropologiques menées en Auvergne-Rhône-Alpes, en analysant les parcours, motivations et pratiques des soignants qui s'y engagent. Il prolonge le projet Santé-Mobilité, qui avait mis en évidence les difficultés rencontrées par les soignants libéraux dans l'exercice ambulatoire et les visites à domicile : isolement professionnel, charge mentale, difficulté à s'arrêter et à trouver un remplaçant. Si les MSP sont un dispositif qui pourrait a priori répondre à certaines attentes des soignants en milieu rural, leur déploiement et leur implantation durable ne se font pas sans obstacle.

Deux grandes questions guident cette recherche : quels sont les leviers d'attractivité des MSP pour les soignants, et quels facteurs favorisent leur maintien durable dans les territoires ruraux ?

L'attractivité repose sur la rencontre entre deux dynamiques : celle des acteurs institutionnels (élus, représentants de la MSA, de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM), de l'Agence régionale de santé (ARS) ou des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)) cherchant à renforcer l'offre de soins sur leur territoire, et celle des professionnels de santé en quête d'un exercice collaboratif et d'un meilleur équilibre de vie.

Les choix d'installation résultent d'une pluralité de facteurs : origines géographiques, expériences préalables (stages, remplacements), opportunités professionnelles du conjoint ou projet de vie. Une fois installés, les soignants développent un double enracinement, territorial et social, qui conditionne la pérennité de leur engagement. Les critères d'attractivité et de maintien des soignants en MSP relèvent à la fois des conditions de pratique (organisation du travail, gouvernance, dynamique collective), des conditions matérielles (qualité et accessibilité des locaux) et d'une dimension humaine (cohésion d'équipe, partage des responsabilités, prise en compte du bien-être dans l'équipe). Les relations interpersonnelles et les facteurs familiaux (emploi du conjoint, logement, accès à la culture, à l'éducation, aux commerces) jouent également un rôle décisif.

Enfin, l'étude propose une typologie des soignants selon leur rapport à l'exercice coordonné : les initiateurs investis dans la création des structures, les suiveurs plus distants, les « réfractaires » et les « déçus » ayant quitté le dispositif. Cette analyse éclaire les tensions entre engagement collectif, contraintes institutionnelles et aspirations individuelles, et interroge la capacité du soin coordonné à concilier attractivité, qualité de vie au travail et ancrage durable dans les territoires ruraux.

S'inscrire au séminaire : https://events.teams.microsoft.com/event/0acc8757-cd3f-4131-bc0c-8bf1cb03dce6@efa5b48c-000c-4a8c-a9c1-e05c212b1377