DOCUMENTS DE TRAVAIL : 2018

Série de pré-articles scientifiques, en anglais ou en français, les Documents de travail présentent à la discussion un état de la réflexion sur une problématique de recherche. Ils sont soumis à parution dans des revues à comité de lecture.

Toutes les éditions de l'Irdes suivent un processus de validation. Elles sont relues par des chercheurs et des spécialistes des sujets traités (institutionnels et acteurs de terrain). Présentées lors de séminaires et colloques de recherche français et internationaux, elles sont discutées pour être enrichies.

Les Questions d'économie de la santé font l'objet d'une présentation systématique lors du séminaire interne pouvant réunir tous ces acteurs : les « Mardis de l'Irdes ».

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DOCUMENTS DE TRAVAIL : 2018


DT n° 75
2018/06



Généralisation de la complémentaire santé d'entreprise : une évaluation ex-ante des gains et des pertes de bien-être
Pierre A. (Irdes, Inserm-CESP), Jusot F. (Université Paris-Dauphine, PSL Research University, Leda-Legos, Irdes), Raynaud D. (Irdes), Franc C. (Inserm-CESP, Irdes)

Depuis le 1er janvier 2016, les employeurs du secteur privé ont l'obligation de proposer et de financer partiellement une complémentaire santé à tous leurs salariés. Elle s'accompagne en sus d'une amélioration de la portabilité de cette complémentaire pour les chômeurs jusqu'à douze mois après la rupture du contrat de travail. Cette réforme a été largement soutenue par les pouvoirs publics qui souhaitent généraliser, à tous, la couverture santé par une complémentaire de qualité. Elle pose toutefois un certain nombre de questions en termes d'équité et d'efficacité. En effet, non seulement elle exclut de facto la quasi totalité des individus sans emploi qui sont plus souvent précaires, mais en plus, elle contraint les salariés à ne pas pouvoir choisir leur niveau de couverture santé optimal au regard de leurs besoins de soins et de leurs préférences.
En mobilisant le cadre théorique de l'utilité espérée, nous proposons dans ce travail de simuler les gains et les pertes de bien-être à attendre de cette réforme sur l'ensemble de la population. Nous mobilisons les données de l'Enquête santé et protection sociale (ESPS) de 2012, appariées aux données de remboursements de l'Assurance maladie à partir desquelles nous élaborons une situation contrefactuelle de la réforme de l'Accord national interprofessionnel (Ani). Nous tenons compte en particulier des effets indirects que cette réforme devrait induire sur le marché individuel de la complémentaire santé et sur le marché du travail, et mobilisons un indicateur subjectif des préférences des individus vis-à-vis du risque.
Les résultats montrent que, lorsque l'on considère que l'Ani induira une augmentation des primes des contrats individuels et une diminution des salaires, le bien-être collectif devrait se réduire. Le gain en bien-être des salariés qui bénéficient de la réforme est en effet contrebalancé par la perte de bien-être subie par les personnes couvertes par un contrat individuel ou que la réforme oblige à s'assurer. La moitié de la population verrait son bien-être se réduire pour seulement 7 % de gagnants. Ce sont les individus les plus fragiles, c'est-à-dire les plus pauvres et les plus âgés, qui seraient particulièrement concernés par une réduction de leur bien-être.



DT n° 74
2018/06



Méthodologie de l'évaluation d'impact de l'expérimentation Parcours santé des aînés (Paerpa)
Bricard D., Or Z., Penneau A. (Irdes)

L'expérimentation sur les Parcours santé des aînés (Paerpa), lancée en 2014 dans neuf territoires pilotes, avec l'objectif d'améliorer la prise en charge et la qualité de vie des personnes âgées de 75 ans et plus, est un exemple d'expérimentation complexe. Elle combine une série de dispositifs nationaux implémentés de façon hétérogène d'un territoire à l'autre. L'évaluation d'expérimentations territoriales comme Paerpa renvoie à des enjeux méthodologiques importants car le traitement de ces expérimentations est hétérogène et l'effet de ce traitement peut varier selon les contextes territoriaux.
Dans cet article, nous présentons la méthode du contrôle synthétique (CS) comme une méthode pertinente pour l'évaluation d'impact des politiques territoriales et nous testons sa robustesse comparativement aux méthodes alternatives plus classiques. L'évaluation s'appuie principalement sur les données du Système national des données de santé (SNDS) de 12 régions françaises de 2010 à 2016. Les contextes socio- économiques et l'offre sanitaire et médico-sociale des territoires sont appréhendés à partir de nombreuses sources de données, à un niveau communal ou départemental.
Les analyses exploratoires mettent en évidence un biais de sélection pour certains territoires et suggèrent que les méthodes de régressions classiques peuvent être inappropriées. La méthode du CS permet de faire varier la composition des témoins selon le territoire et l'indicateur de résultat, et d'établir l'impact des dispositifs de façon robuste. Elle fournit un moyen systématique pour identifier les unités de contrôle, donne la possibilité d'explorer de façon approfondie les résultats par territoire et d'être totalement objectifs dans le choix des territoires témoins en les sélectionnant selon des critères statistiques. Complétée par des analyses qualitatives, la méthode offre des clés de compréhension utiles pour l'interprétation des résultats.

Methodology of Impact Evaluation of the Regional Pilots "Healthcare Pathways of Seniors"
Regional pilots, healthcare pathways of seniors (Paerpa) launched in 2014 in nine territories (local areas) with the objective of improving care coordination and quality of life for frail elderly people (75 +) are an example of complex social experiment. They combine a series of national schemes implemented heterogeneously from one territory to another. The evaluation of complex experiments, such as Paerpa, represents methodological challenges because the treatment is heterogeneous and the impact of treatment can vary according to different territorial contexts.
In this article we present the synthetic control method as a means of assessing the impact of territorial policies and we test its robustness compared to more traditional alternatives. The evaluation is based mainly on data from the National Health Data System (SNDS) of 12 French regions from 2010 to 2016. Socio-economic contexts, health and social care provision of the territories are apprehended from numerous sources of data at municipal or departmental level.
Exploratory analyses highlight a selection bias for some territories and suggest that conventional regression methods may be inappropriate. The synthetic control method allows to vary the composition of the control groups by territory and by outcome indicator and to estimate the impact of Paerpa pilots in a robust manner. It provides a systematic means for identifying control units, gives the opportunity to explore in depth the results by territory and to be completely objective in the choice of control units. Complemented by qualitative analyzes, the method provides some useful keys for interpreting the results.



DT n° 73
2018/03



Does an Early Primary Care Follow-up after Discharge Reduce Readmissions for Heart Failure Patients?
Bricard D., Or Z. (Irdes)

Better monitoring of patients in primary care setting is often considered to be a solution for reducing avoidable hospitalisations and readmissions. In this paper we test the hypothesis that the risk of readmission is associated with the timing and intensity of primary care follow-up, with a focus on consultations with a generalist (GP) after discharge by patients hospitalized for heart failure in France.
We propose a discrete-time model which takes into account that primary care treatments have a lagged and cumulative effect on readmission risk measured on a weekly basis, using an instrumental variable strategy (IV). The results from IV regressions suggest that a consultation with a GP in the first weeks after discharge can reduce the readmission risk by almost 50%, and that patients with higher ambulatory care utilisation have smaller odds of readmission. Furthermore, geographical disparities in primary care affect directly primary care utilization and hence indirectly the readmission risk.
These results suggest that interventions which strengthen communication between hospitals and generalists are elemental for reducing readmissions and improving system-wide cost efficiency. In order to encourage better care transition and to improve patient outcomes after discharge, financial incentives for hospitals should be aligned with the objective of avoiding repeated hospitalisations. However, the current hospital funding system in France, based on patient volumes, does not provide any incentive for investments to improve patient follow-up after discharge.